La Ligue de Nabil Al Arabi semble avoir, elle aussi, fait sa mue et a subi une cure révolutionnaire… Une crise a éclaté hier entre Damas et la Ligue arabe qui a appelé ce pays à «suivre la voie de la raison avant qu'il ne soit trop tard», alors que trois personnes ont été tuées et neuf autres blessées par les tirs de forces de sécurité. Pour sa part, le président syrien Bachar Al Assad a signé, hier, une loi sur les médias, dans le cadre des réformes qu'il a annoncées pour juguler la contestation contre son régime, alors que ses opposants ont appelé à une journée mondiale de prière pour les «martyrs». Le communiqué de la Ligue arabe représente «une violation (...) claire des principes de la charte de la Ligue et des fondements de l'action arabe conjointe», a indiqué une note syrienne envoyée au secrétariat général de la Ligue. Les délégués syriens protestent contre le fait que ce communiqué ait été rendu public, bien que la réunion se soit terminée par un accord sur le fait de ne pas publier de communiqué ou faire de déclarations à la presse. Les Syriens agissent «comme si ce communiqué n'avait pas été publié, d'autant plus qu'il contient (...) un langage inacceptable et biaisé». La Ligue arabe a tenu, samedi soir, une réunion extraordinaire sur la Syrie et la Libye. Les ministres ont appelé à «mettre fin à l'effusion du sang et à suivre la voie de la raison avant qu'il ne soit trop tard», exprimant leur«inquiétude face aux développements graves sur la scène syrienne qui ont fait des milliers de victimes et de blessés». Ils ont également appelé à «respecter le droit du peuple syrien à vivre en sécurité et à respecter ses aspirations légitimes à des réformes politiques et sociales». Al Arabi en pompier à Damas Le chef de la Ligue arabe, Nabil Al Arabi, doit aussi se rendre en urgence à Damas. Il est porteur d'une initiative pour résoudre la crise dans ce pays, mais il a affirmé hier qu'il attendait toujours l'accord de la Syrie. Avant lui, Moscou, dernier soutien de Bachar Al Assad, avec Pékin, a annoncé l'envoi, aujourd'hui, à Damas d'un émissaire, vraisemblablement le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov. La répression en Syrie a fait plus de 2200 tués depuis mars, selon l'ONU. Sur le terrain, deux personnes ont été tuées et neuf autres blessées hier, lorsque des unités des forces de sécurité et de l'armée ont fait une incursion dans une localité près d'Idleb (nord-ouest), selon un militant des droits de l'homme. Un autre jeune Syrien a été tué lors d'une manifestation hier à Inkhel (sud), selon l'OSDH. Le dernier joker de Moscou Le collectif Syrian Revolution 2011 a appelé, sur sa page facebook, à une «prière pour les martyrs» dans les mosquées et les églises dans 32 villes à travers le monde. Sur un autre plan, le président Al Assad a signé, hier, une nouvelle loi sur les médias qui assouplit partiellement une législation très répressive. Ce début de libéralisation de la presse fait suite à d'autres mesures, comme la levée de l'état d'urgence ou l'annonce d'une ouverture au pluralisme qui n'ont pas changé la donne sur le terrain, où manifestations et répression se poursuivent sans relâche. «Désormais la situation en Syrie a atteint un tel niveau que tout est trop infime et trop tardif. Nous n'avons plus confiance», a déclaré le président turc, Abdullah Gül, dans une interview à l'agence turque Anatolia, désavouant encore un peu plus le régime. La Turquie avait pourtant opéré un rapprochement avec son voisin syrien ces dernières années.