Le mois de Ramadhan tire à sa fin. Et pour bien se préparer à accueillir la fête d'après, l'Aïd El Fitr, les familles bouiries n'ont pas hésité à sortir la nuit et veiller jusqu'à une heure tardive. A cette période du mois sacré, il faut reconnaître que la ville de Bouira se transforme en un gigantesque marché. Aux côtés de ceux et celles qui quittent leur maison pour se rafraîchir après une dure et longue journée de jeûne, des dizaines de familles viennent de partout pour faire leurs courses pour la fête de l'Aïd. Environ une heure après la rupture du jeûne, plusieurs ruelles de la ville sont prises d'assaut par des dizaines de femmes, hommes et enfants. C'est la fête avant l'heure ! Les trottoirs sont squattés. Piétons et automobilistes partagent la chaussée. Au milieu de ce tintamarre ininterrompu, les gens, riches ou pauvres, négocient sans répit le prix des chaussures, chaussettes, une robe ou pantalon. Au-delà du cadre festif de ces veillées ramadhanesques, les petites bourses peinent à joindre les deux bouts. La hausse des prix n'a pas atteint uniquement les fruits et légumes comme cela a été vécu depuis le début du Ramadhan. Ça flambe de partout. Le marché des vêtements, lui aussi ne cesse de s'enflammer. Cela a été constaté récemment lors d'une virée nocturne à travers quelques ruelles commerçantes de la ville de Bouira. Après l'insupportable fatigue d'une journée de jeûne, les Bouiris sont contraints d'avoir le vertige nocturne de la cherté de la vie. Mais la saignée ne s'arrête pas de sitôt. Ce citoyen de la moyenne condition sociale, tenaillé déjà par les dépenses du Ramadhan et de l'Aïd, doit encore faire face à un événement des plus budgétivores : la rentrée scolaire ! Dieu seul sait comment les petites bourses arrivent à satisfaire les besoins de leurs enfants ? A quelques dizaines de mètres des rues commerçantes, il y a les terrasses des cafés qui ne désemplissent pas. Depuis la première nuit du Ramadhan, les cafétérias à proximité du siège de la wilaya, grouillaient de monde. Même le fait de trouver une bombe à cet endroit et la désamorcer ne semble pas faire peur aux gens. Malgré la menace qui pèse, les gens ont continué à sortir la nuit. Ainsi, force est de constater que l'animation culturelle a fait grandement défaut depuis le début du mois sacré. L'imposante maison de la culture Ali Zâamoum n'a pas drainé de grandes foules. Il faut souligner que les autorités culturelles de la wilaya ont brillé par leur absence durant ce Ramadhan. Au moment où les wilayas limitrophes, notamment Tizi Ouzou et Béjaïa, ont passé les soirées ramadhanesques dans la grande joie, Bouira et l'ensemble de ses communes sont restées silencieuses. Quant à l'animation culturelle, les habitants de Bouira souhaitent que la direction de la culture ne leur fasse pas revivre, l'an prochain, un Ramadhan aussi morose que celui de 2011. Peu avant minuit, au moment où la ville de Bouira vit au rythme des embouteillages et des klaxons fusant de partout, ailleurs dans les autres chefs-lieux communaux, c'est un silence de cimetière.