Le manque de stations d'épuration des eaux constitue l'une des causes de la pollution qui menace l'environnement et la santé publique. Chaque jour la nature subit des agressions supplémentaires qui aggravent sa dégradation dans la wilaya de Boumerdès. Depuis 20 ans au moins, la pollution a pris une cadence effrénée touchant à tous les niveaux environnementaux. La célérité de la dégradation du cadre de vie ces dernières années n'a d'égale que la démission et le «laisser-faire» des pouvoirs publics. Boumerdès est une région qui illustre parfaitement la profanation que la nature est en train de subir dans tout le pays. Wilaya côtière, avec une population assez dense, des centres urbains hérités de l'ère coloniale et des cités nouvelles (qui sont elles-mêmes gagnées par la pollution), des communes rurales, des forêts et des oueds, elle subit presque toutes les formes de pollution qui frappent l'Algérie. Des villages entiers demeurent aujourd'hui encore, un demi-siècle après l'indépendance, sans réseaux d'assainissement des eaux usées. Dans la plupart des cas, lorsqu'une région rurale en est dotée, c'est pour que les canalisations se déversent dans la nature. C'est le cas à Chabet, les Issers, Khemis El Khechna, Kedara, Kahrouba et d'autres communes. La dotation de toute la wilaya en unités d'épuration des eaux usées n'a été qu'une promesse électorale. L'air autour de Oued Boudouaou est irrespirable. «Pourtant dans les années 1970, on s'y baignait,» se souvient un quadragénaire habitant au centre ville. Depuis la fin des années 1990, on parle de la réalisation de stations d'épuration, mais à ce jour on n'en a que trois : Thenia, Boumerdès et Zemouri. Ce qui est très insuffisant car des régions très densément peuplées, comme Khemis El Khechna, Dellys, Bordj Menaiel, Boudouaou n'en sont pas dotées. Partout où ces stations n'existent pas, les rejets sont déversés dans les champs ou les oueds. Ces derniers se trouvent par conséquent pollués et deviennent une menace pour l'écosystème marin également. Ainsi en est-il de Oued Isser, Oued Sébaou, Oued Hamiz et d'autres petits cours d'eau, mais non moins importants. Partout dans la wilaya, les décharges sauvages se multiplient. Dans ce registre non plus l'Etat n'a pas tenu ses promesses. Car il aura fallu attendre deux décennies pour lancer la réalisation d'un centre d'enfouissement technique dans la commune de Corso. Beaucoup de mal a déjà été fait et il est difficile de réparer les dégâts. Les décharges publiques sont telles qu'il est difficile d'imaginer une solution à ce problème. Dans les villes et dans la campagne, les ordures s'amoncellent et sont incinérées dans la nature, à proximité des oueds et des bois. La terre et la mer sont polluées. Les déchets sont charriés par les eaux vers la mer. D'autres y sont carrément jetés ou délaissés comme en témoignent ces débris de verre qui jonchent les abords de la route sur les plages de Boumerdès. L'Algérie apporte ainsi sa part à la menace qui pèse sur la Méditerranée qui est l'une des mers les plus polluées au monde avec un important lot de plastique surtout. Le contrôle bureaucratique de la commercialisation de l'alcool et l'interdiction faite aux citoyens d'investir dans ce domaine, afin d'en faire une chasse gardée d'une certaine classe, ont créé une situation de crise. Par conséquent les citoyens achètent dans des débits de boissons et consomment à l'extérieur abandonnant sur place les bouteilles qui, en se cassant deviennent une forme de pollution sévère. On constate ce phénomène partout dans la wilaya : les abords des routes sont jonchés de bouteilles. A Boumerdès et à Chabet, notamment. Une autre source de pollution, et pas des moindre: les stations de lavage et de vidange de véhicules. Là, les huiles utilisées sont carrément déversées dans le réseau d'assainissement ou dans les oueds. Pourtant elles doivent être récupérées.