L'aile dissidente du mouvement de redressement, appelée Mouvement des coordinateurs libres, passe à l'action. S'étant limités à la dénonciation et à la prise de position par le biais de déclarations, « les coordinateurs libres » du FLN ont observé jeudi 26 août un sit-in devant le siège national du parti, à Hydra, Alger. Pas moins de 35 coordinateurs de wilayas y étaient présents, à leur tête Tayeb Yenoune, porte-parole de ce mouvement. Le sit-in a duré une heure, de 11h à 12h. Le siège était fermé. Des morceaux de drap servant d'écriteaux ont été accrochés sur l'enceinte de l'immeuble. Un poster géant du président Bouteflika aussi. Banderoles à la main, les contestataires scandaient, à pleine gorge, des slogans hostiles aux pro-Benflis, en premier lieu Abdelkrim Abada, chargé des affaires courantes au FLN. Redressement complet On pouvait y lire : « Nous nous sommes mobilisés pour le programme du président Bouteflika », « Le mouvement des coordinateurs libres est pour la réunification des rangs », « Oui pour le dialogue et la concertation, non à la violence », « Nous demandons le redressement complet ». Tayeb Yenoune, chef de file, a précisé que « ce rassemblement se veut une réponse à ceux qui disaient que notre mouvement ne pèse rien et n'a aucune base. Nous avons fait appel seulement aux coordinateurs de wilayas pour éviter toute dérive et maîtriser la foule. Maintenant, s'ils veulent qu'on leur fasse une démonstration plus importante, nous sommes prêts, à condition qu'ils assument les conséquences d'un éventuel affrontement ». Les coordinateurs de wilayas disent qu'ils ne sont pas contre Abdelaziz Belkhadem, mais ils ne veulent plus de « Benflissistes » au sein de la direction. Ils dénoncent « l'absence de transparence » dans la démarche suivie par Abdelaziz Belkhadem dans l'installation de la commission nationale et des sous-commissions. « Nous lui demandons de nous donner les critères sur lesquels il a désigné les membres de ces commissions », a souligné M. Yenoune. Dialogue franc Les contestataires refusent ainsi l'exclusion des militants propres des commissions de préparation du congrès, en mettant à leurs places « des gens qui étaient les principaux adversaires » du mouvement de redressement durant plus d'une année. « Nous avons interpellé Belkhadem et nous attendons toujours sa réponse, car, pour nous, il a été induit en erreur par ces gens. Nous voulons discuter avec lui pour le rappeler à l'ordre », a-t-il ajouté. Les contestataires ont appelé le coordinateur national « à briser le mur du silence et à ouvrir un dialogue franc avec la cellule de crise », mise sur pied lors de la réunion d'Oran. Ils considèrent également que la fermeture des voies du dialogue est « une sorte de suicide ou de fuite en avant ». « Nous n'allons pas nous taire tant que Abada est là », ont clamé, en chœur, les coordinateurs. « Nous lui demandons de se retirer de la direction et de s'éloigner de tout poste de responsabilité s'il a un peu de dignité et de conscience. Car il a partagé la vision de Benflis et son programme. Et le mouvement de redressement, qui a récupéré le parti, soutient le programme du président Bouteflika. Ainsi, nous ne le laisserons pas aux commandes du parti. Nous n'avons pas lutté pour permettre les mêmes pratiques que celles contre lesquelles nous nous étions révoltés », ont-ils fait remarquer. La révision de la composante de la commission nationale de préparation du congrès réunificateur (le huitième congrès bis) est posée comme condition sine qua non pour le dénouement de la crise. Les coordinateurs se disent déterminés à ne pas lâcher du lest. « Nous n'avons aucun intérêt personnel à défendre, ni des postes de responsabilité à demander. Nous veillons uniquement à préserver les acquis du mouvement de redressement et à faire appliquer ses principes directeurs », ont-ils noté dans une déclaration sanctionnant le sit-in. Pour eux, la décision de justice n'a pas été appliquée. Ils demandent à ce qu'on ferme les bureaux et sièges du parti et de les rouvrir en présence de la base. Les compagnons de Tayeb Yenoune décideront de la suite à donner à leur mouvement lors de la réunion de Tizi Ouzou dont la date n'a pas été encore arrêtée. En cas d'échec du dialogue avec Belkhadem, la suite est déjà connue : les coordinateurs procéderont à l'installation de la commission nationale de préparation du congrès dont le président ne sera que Belkhadem et iront avec leur propre composante au même congrès rassembleur. Le sit-in de jeudi s'est déroulé dans le calme, l'autre partie étant absente.