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Marc Hecker. Chargé de recherches à l'IFRI
« Pas aussi sombre que ça... »
Publié dans El Watan le 07 - 01 - 2006

Le Moyen-Orient est plongé dans l'incertitude. Pour Marc Hecker, chargé de recherches à l'Institut français des relations internationales (Ifri) et auteur de La défense des intérêts de l'Etat d'Israël en France (L'Harmattan, 2005), l'après-Sharon s'annonce difficile.
Quelles sont les conséquences immédiates de l'état de santé d'Ariel Sharon ?
Le retrait, au moins provisoire et peut-être définitif, d'Ariel Sharon de la scène politique israélienne doit être considéré à l'aune de trois éléments. Tout d'abord, Ariel Sharon était Premier ministre de l'Etat d'Israël et son absence a été comblée par l'arrivée d'Ehoud Olmert, ancien maire de Jérusalem et plusieurs fois ministres, au poste de Premier ministre par intérim. Deuxièmement, Ariel Sharon était le chef du parti Kadima et, pour le moment, la vacance à la tête de ce parti n'a pas été comblée. Enfin, Ariel Sharon était le candidat le plus sérieux à sa propre succession au poste de Premier ministre et les paris sont désormais réellement ouverts sur le nom de la personne qui pourrait éventuellement devenir chef du gouvernement à l'issue des élections de mars prochain.
Croyez-vous que la paix entre Palestiniens et Israéliens serait repoussée si Ariel Sharon venait à mourir ?
Ariel Sharon avait été élu puis réélu au poste de Premier ministre sur un discours sécuritaire. Mais depuis deux ans, il s'évertuait à développer une rhétorique de paix, marquée dans les faits par le retrait israélien de la bande de Gaza. Ce retrait était fortement contesté par une minorité de l'opinion publique israélienne, mais Sharon a eu la poigne et le charisme nécessaires pour imposer ses vues. Aujourd'hui, aucun homme politique en Israël ne dispose du même charisme qu'Ariel Sharon. Toutefois, certaines personnalités militent ardemment pour la paix, comme Amir Peretz, le nouveau chef du Parti travailliste. L'avenir n'est peut-être pas aussi sombre qu'il paraît...
Le parti Kadima aura-t-il encore des raisons d'exister sans son leader ?
Le parti Kadima a été créé par Ariel Sharon suite à son départ du Likoud après le retrait de la bande de Gaza. Il s'agit d'une formation hétéroclite, fédérée autour de la personne de Sharon. L'accident de ce dernier est donc un coup très dur pour le parti. A priori, Kadima devrait néanmoins survivre à ce coup dur. La question est maintenant de savoir qui va en reprendre les rênes. Trois personnalités semblent se dégager : Ehoud Olmert, Shaul Mofaz et Tzipi Livni. Shimon Pérès pourrait également avoir un rôle à jouer, mais à 82 ans, sa carrière politique semble derrière lui.
Que représente Ariel Sharon pour les Palestiniens ?
Il est difficile de répondre à cette question, car l'opinion palestinienne n'est pas unifiée. Un mouvement comme le Hamas s'est réjoui de la dégradation de santé de Sharon, considéré comme un « criminel ». L'Autorité palestinienne a fait preuve d'une bien plus grande circonspection. D'une manière générale, même si Ariel Sharon n'est pas apprécié des Palestiniens, sa disparition politique ouvre une période d'incertitude qui n'est guère rassurante.


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