Le 11 septembre 2001, le monde occidental se réveillait face à une nouvelle réalité. L'organisation terroriste Al Qaîda frappait l'Amérique au cœur et ciblait l'un des symboles de l'hégémonie capitaliste sur l'économie mondiale. Depuis, les attaques du World Trade Center, un des hauts lieux de la finance internationale, ont été mystifiées, démystifiées et ont donné lieu aux théories les plus contradictoires. Il est vrai que les attaques, intervenues dans un contexte économique particulièrement morose et qui ont favorisé l'adoption de plusieurs plans d'aides et de stimulus monétaires, ont incité certains à se laisser aller dans la justification de la théorie du complot par des impératifs économiques. Sans sombrer dans la paranoïa la plus absolue, il faut reconnaître que les attentats du 11 septembre ont eu un impact certain sur les marchés et les événements qui ont impacté durablement les économies des Etats engagés dans la lutte antiterroriste depuis cette date et dont les effets se font ressentir à ce jour. A la veille des attaques, l'économie américaine était au bord de l'essoufflement. Dans ce sens, un rapport de l'OTAN rappelle que les marchés des actions étaient alors orientés vers la baisse et «les analystes redoutaient, à raison, de voir l'éclatement de cette bulle entraîner la chute des autres marchés». Aussi, les attaques du World Trade Center, en plus d'avoir provoqué une petite hausse sur les marchés pétroliers, ont induit directement des dégâts à l'infrastructure du district financier de la ville de New York et les indemnisations, sans précédent, réclamées aux assurances, qui se situeraient entre 50 et 60 milliards de dollars. Le Bureau américain d'analyse économique estime les dommages occasionnés à l'infrastructure new-yorkaise et le coût de la perte des quatre avions impliqués dans les attaques à 15,5 milliards de dollars. Cela a également induit des coûts indirects comme la baisse brutale des cours des actions, la forte chute des réservations de places d'avion, les mesures et équipements de sécurité supplémentaires et coûteux dans les aéroports et aux frontières, l'augmentation des primes d'assurance pour la couverture des risques liés aux actes de terrorisme et les nouvelles mesures de sécurité adoptées par le secteur privé. Lutte contre le blanchiment d'argent Prenant en considération ces éléments, les banques centrales ont injecté de l'argent dans le système financier. La Réserve fédérale américaine (FED) des Etats-Unis, par exemple, a réduit ses taux d'intérêt à trois reprises au cours des semaines qui ont suivi le 11 septembre. Les mesures prises ont payé, puisqu'au moment des attaques, le PIB américain a chuté de 1,3% au 3e trimestre 2001, mais il est reparti à la hausse (+1,8%) au quatrième trimestre avant d'enregistrer un bond de 5,8% au premier trimestre 2002. Toutefois, les attaques du 11 septembre ont démontré la vulnérabilité de l'économie mondiale, la nécessité de mieux protéger les économies nationales face aux attaques terroristes, ainsi que la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Ainsi, le prix Nobel d'économie, Joseph Stiglitz, avait fait remarquer à l'époque que «le monde sans frontières, au sein duquel circulent les marchandises et les services, est également un monde sans frontières au sein duquel d'autres choses moins positives peuvent circuler». Ainsi, les méthodes de financement d'Al Qaîda ont stimulé la révision de la réglementation des pratiques bancaires.
Ainsi, l'Union européenne a donné de nouvelles directives sur le blanchiment d'argent. En parallèle, le Patriot Act, adopté par les Etats-Unis, en octobre 2001, renforçait les règles applicables à la «connaissance du client». De son côté, le Groupe d'action financière (GAFI) a eu recours à la stratégie de la liste noire pour encourager les centres offshores à améliorer leur transparence en publiant des listes des centres qui ne répondent pas aux normes minimales. Une stratégie reprise jusqu'au jour d'aujourd'hui par l'OCDE pour lutter contre les paradis fiscaux et imposer des règles plus strictes en matière de traçabilité des flux financiers. Un mouvement auquel l'Algérie a d'ailleurs pleinement adhéré avec l'adoption, en 2005, de la loi relative à la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, ainsi que la création d'une cellule pour le traitement du renseignement financier. Essor du business de la sécurité Les attentats du World Trade Center ont créé une nouvelle prise de conscience au sein des entreprises, occidentales notamment, lesquelles ont vite compris qu'elles pouvaient constituer des cibles potentielles d'actes terroristes. Situation qui a créé une véritable aubaine pour les sociétés de sécurité et leur a ouvert un immense marché, notamment dans les zones à risques. Depuis 2001, le nombre de sociétés, la nature des prestations qu'elles offrent et le montant des contrats attribués ont littéralement «explosé». Les activités de ces sociétés se concentrent surtout dans les zones d'intervention militaires américaines et de leurs alliés. A titre d'exemple, les sociétés de sécurité privée ont gagné 33,7 millions d'euros en Afghanistan en 2010. Pour la période 2007-2009, les recettes s'étaient élevées à 72 millions d'euros. En plus de l'Afghanistan, ces sociétés opèrent en Irak, en Afrique, dans l'océan Indien, brassant très large et guettant la moindre opportunité. Ces entreprises, qu'on appelle communément les Private military companies, ne sont pas seulement des sociétés de sécurité, elles fournissent également aux clients gouvernementaux des prestations de nature militaire et sécuritaire. Ces prestations vont de la formation au renseignement, en passant par la logistique, le soutien de l'homme, le déminage et la protection des biens et des personnes. Les besoins des Etats-Unis en la matière ont, d'ailleurs, été multipliés après avoir engagé des opérations militaires en Irak et en Afghanistan. Des opérations qui ont coûté plusieurs milliers de milliards de dollars, selon les estimations de Joseph Stiglitz et de Linda Bilmes, professeur de finances publiques à la Kennedy School of Government de Harvard, qui ont coécrit un ouvrage intitulé Une guerre à 3000 milliards de dollars. Dans l'ouvrage, les deux économistes considèrent que l'invasion de l'Irak a été une erreur qui va coûter à l'Amérique quelque 3000 milliards de dollars. Stiglitz et Bilmes ont tenu compte, dans leur calcul, des coûts déjà supportés, mais aussi et surtout des coûts futurs, délibérément dissimulés par l'Administration Bush. Ainsi, la guerre d'Irak va peser sur le budget des Etats-Unis pendant cinquante ans. De même, les soins aux soldats blessés et les pensions d'invalidité versées aux combattants atteints d'infirmités physique ou mentale définitives ne vont pas cesser avec la fin du conflit. A cela, il faut ajouter l'impact qu'aura la guerre sur l'économie mondiale, un impact déjà sensible à travers la hausse durable des cours du brut.