L'Economist Intelligence Unit (EIU) a consacré son dernier «Think Tank» à l'Algérie en proie à un contexte politique régional particulièrement mouvementé, un front social interne en ébullition, une économie hors hydrocarbures en panne et plus que jamais dépendante de produits importés dont les prix ont fortement augmenté. On ne trouve dans les conclusions de ce groupe de réflexions composé d'économistes et de managers de renom, aucun motif d'inquiétude pour notre pays, qui continuera à garder son cap en dépit de quelques turbulences que le pouvoir en place a les moyens (financiers et répressifs notamment) de contenir. Mais aucun de ces phénomènes ne devrait ébranler réellement l'Algérie. Le compte rendu de cette tribune, publié le 1er septembre 2011 sur le site internet de l'EIU, précise en substance que l'Algérie est certes vulnérable économiquement du fait que la presque totalité de ses ressources en devises provient des exportations d'hydrocarbures, mais comme aucun retournement de conjoncture en matière de prix n'est à craindre au moins à moyen terme les recettes tirées du pétrole et du gaz seront suffisamment importantes pour la prémunir contre une éventuelle crise bancaire et, encore moins, un amoindrissement des capacités de paiement duTrésor public. Le soutien des prix des produits de première nécessité, l'augmentation des salaires, le recrutement d'agents de sécurité supplémentaires et la construction massive de logements sociaux pourront par conséquent être poursuivis pour stabiliser le front social et garantir une certaine stabilité.En dépit des faibles performances de la zone euro avec laquelle l'Algérie réalise l'essentiel de son commerce extérieur, le «Think Tank» prévoit même une bonne tenue de l'économie algérienne avec à la clé une croissance économique d'environ 4% par an durant le prochain quinquennat. Toujours selon les conclusions des experts de l'EIU, le dinar n'aura rien à craindre pour sa valeur qui au contraire a toutes les chances de se rafermir durant le quinquennat en cours à la faveur des réserves de change accumulées (près de 200 milliards de dollars à l'échéance 2015) et un excédent du compte courant en mesure de limiter toute pression à la baisse sur le dinar. Le groupe de réflexion prévoit même une appréciation du dinar par rapport à l'euro et au dollar pour atteindre en 2015 91,86 DA pour 1 euro et 72,05 DA pour 1 dollar. Aucun bouleversement systémique en perspective La seule ombre au tableau économique dressée par le «Think Tank» est l'investissement qui continuera à être pénalisé par l'insuffisance de promoteurs étrangers, les obstacles dressés devant les investisseurs privés algériens et, bien évidemment, la lenteur des investissements publics. Une tendance particulièrement pénalisante pour l'économie algérienne qui a malheureusement peu de chances d'évoluer positivement durant le quinquennat en cours du fait que tous ces obstacles sont inhérents au mode de fonctionnement du système politique algérien qui ne peut se réformer de sitôt. Il est textuellement mentionné dans le compte rendu du «Think Tank» que «les projets d'infrastructures sont en cours, mais souvent victimes de retard», «l'augmentation des salaires dans le secteur public va stimuler la consommation des ménages même si la politique du gouvernement de baisse des importations et les restrictions sur le crédit agissent comme un frein». L'économie devrait tout de même payer le prix de ces substantielles dépenses par un regain de l'inflation que ces experts estiment à environ 4,6% en moyenne entre 2012 et 2015. Ces derniers prévoient, par ailleurs, que la croissance de l'investissement privé restera limitée durant cette période en raison du manque de promoteurs qui, faut-il les comprendre, attendent de savoir si l'Algérie succombera, ou non, au vent de changements systémiques du «printemps arabe» qui a déjà affecté deux pays voisins. Le groupe de réflexion a enfin évoqué la situation politique du pays en estimant, notamment que le terrorisme islamiste reste une menace importante qui pourrait s'intensifier d'ici 2015 si les autorités ne s'attaquent pas aux origines de cette violence récurrente que sont les matrices idéologiques et politiques du fléau. En dépit de toutes les lacunes constatées, le «Think Tank» pense que l'Algérie a de bonnes chances d'éviter les révolutions qui ont touché d'autres pays de la région grâce, notamment, aux concessions lâchées par le gouvernement au gré des événements». Pour ce qui est des réformes politiques promises par le chef de l'Etat algérien, les experts de l'EIU ont écarté toute possibilité de bouleversement systémique en affirmant que ces dernières resteront probablement limitées.