Placé sous coma artificiel, le premier ministre israélien a subi trois opérations chirurgicales sans résultats significatifs. Les spécialistes s'accordent à dire qu'il a subi de gros dégâts au niveau du cerveau, écartant tout espoir de retour à la vie politique en cas de survie. La dégradation de l'état de santé d'Ariel Sharon amenuise au fil des heures la possibilité de le voir revenir sur la scène politique, s'il survit à cette grave attaque cérébrale. Après une nuit dans un état stationnaire, les médecins ont dû parer au plus pressé en milieu de journée d'hier en opérant pour la troisième fois l'ex-patron du Likoud après qu'un scanner eut révélé une nouvelle hémorragie cérébrale et une montée de la pression intracrânienne. “Pendant l'examen, nous avons constaté une montée de la pression intracrânienne, des changements de la pression sanguine (...) ainsi qu'une zone d'hémorragie”, a affirmé à la presse le professeur Shlomo Mor Yossef, directeur de l'hôpital Hadassah de Jérusalem, où le Premier ministre a été admis mercredi soir. L'opération a duré plus de trois heures. Selon une source médicale et un proche collaborateur de M. Sharon, l'attaque cérébrale a causé un dégât considérable à son cerveau. Au sujet de l'état de santé du chef du gouvernement israélien, un des médecins qui l'a opéré, Felix Umansky, dira : “C'est sérieux, mais je ne peux pas dire que c'est irréversible. C'est grave et nous devons attendre un certain temps pour voir comment cela évoluera”. Un autre médecin cité par un quotidien, du nom de Maariv de Tel-Aviv, a estimé que : “les dégâts devraient provoquer une paralysie et sa locution sera peut-être affectée à un certain degré, mais ses facultés cognitives le seront moins.” Une chose est sûre, les spécialistes sont unanimes à affirmer que “les dégâts seront massifs et irréversibles”. Cet avis est également partagé par des hommes politiques israéliens. Ainsi, le député Haïm Ramon, qui a récemment rallié le parti Kadima fondé en novembre par M. Sharon, a reconnu que ce dernier avait peu de chances de reprendre ses fonctions. “Je prie pour son rétablissement, mais il me semble qu'il ne pourra pas exercer ses fonctions dans un avenir proche, peut-être jamais même”, a-t-il déclaré aux journalistes. De son côté Shimon Peres s'est dit inquiet pour Ariel Sharon. “Je ne suis pas un expert, juste un citoyen ordinaire, et je suis très inquiet au sujet de sa santé”, a-t-il dit. Ceci étant, le parti créé par Sharon a bénéficié d'un élan de sympathie, qui lui permet de rester à la tête des sondages. Si le Premier ministre par intérim Ehud Olmert conduit le parti aux élections, Kadima remporterait 40 sièges sur 120, selon un sondage du Haaretz, et 39 selon le quotidien Yediot Aharanot. Si c'est l'ex-Premier ministre et prix Nobel de la paix Shimon Peres, 82 ans, qui succédrait à M. Sharon à la tête du parti, un cas de figure très improbable, Kadima pourrait espérer encore un meilleur score. Dans les deux cas, Kadima se voit crédité de plus du double de mandats que le parti travailliste ou le Likoud. K. ABDELKAMEL