La Caisse régionale de mutualité agricole (CRMA) de Tizi Ouzou est confrontée au défi de la croissance et de l'amélioration de ses services. De prime abord, la caisse doit solutionner le problème du recouvrement des crédits alloués dans le cadre du Plan national de développement agricole (PNDA) et répondre aux revendications des agriculteurs souscripteurs, exigeant, entre autres, un traitement de faveur. Lors de l'Assemblée générale extraordinaire tenue récemment à l'Institut de l'agriculture (ITMAS) de Boukhalfa, consacrée à l'élection du nouveau conseil d'administration et l'adoption du bilan du conseil sortant, les sociétaires de la caisse ont été nombreux à critiquer sévèrement la gestion imprégnée à l'institution. En revanche, les bilans moral et financier du conseil d'administration sortant ont été rejetés par l'assemblée générale, sous prétexte que « les résultats obtenus n'ont pas été argumentés ». Le bilan comptable fait ressortir que le capital de cette institution, créée grâce aux souscriptions des agriculteurs, est passé de 6,79 millions de dinars à sa création en 1998 à 9,44 millions de dinars en 2005 au moment où le nombre de ses sociétaires est passé de 367 à 1265. Ce constat a vite provoqué la grogne des membres de l'AG qui rejettent le fait que l'évolution du capital social est disproportionnelle au nombre des sociétaires. « Logiquement, le capital social doit quadrupler autant que le nombre des sociétaires », déclare un intervenant avant de reprocher au conseil d'administration sortant d'avoir toléré « l'adhésion de nouveaux actionnaires sans mettre un sou à la caisse ». La gestion du PNDA, quant à elle, semble perturber le fonctionnement de la CRMA de Tizi Ouzou. Depuis la mise en œuvre du dispositif en 2001, en fait, l'institution est confrontée à la problématique des recouvrements. « A la fin 2005, la caisse comptabilise 125 milliards de dinars de crédits non remboursés par les agriculteurs. Ce montant colossal risque de s'accroître puisqu'à la fin 2002, il a déjà atteint les 700 millions de dinars », avoue le directeur de la caisse. Au total, la CRMA gère quelque 4000 dossiers de crédits à la fin de l'année dernière. Interrogé sur les suites à donner au rejet du bilan de l'ancien conseil d'administration par l'AG, le même responsable reconnaît qu'« il y a un vide juridique car le code des procédures civiles ne prend pas en considération ce cas ». Pour ce qui est des réponses réservées aux besoins des souscripteurs de la CRMA, les membres de l'AG exigent dorénavant des taux d'intérêt préférentiels à l'octroi des crédits. Actuellement, faut-il préciser, les demandeurs de crédits sont soumis aux mêmes taux appliqués par les banques publiques et qui oscillent autour des 5,5%. Outre le crédit, l'AG a mis l'accent sur les lenteurs dans le traitement des dossiers cependant que les bureaux de l'établissement souffrent d'un engouement grandissant. Pour parer à ces lacunes, le directeur de la caisse promet de nouvelles mesures pour l'amélioration du service à l'avenir. L'élection du nouveau conseil d'administration, quant à elle, a eu lieu dans un climat de tension. En premier lieu, l'AG conteste les nouveaux critères d'éligibilité dictés par le ministère de l'Agriculture, notamment ceux exigeant de tout candidat « un niveau d'instruction suffisant » et « ne pas être en situation conflictuelle avec la caisse ». Certains membres ont qualifié lesdites mesures de discriminatoires et demandé le report pur et simple de l'élection. Le nouveau conseil a fini par être élu pour quatre ans.