La Commission européenne a proposé vendredi de ne plus laisser les Etats de l'espace sans passeport Schengen le soin de décider seuls de rétablir les contrôles à leurs frontières, en mettant en place un contrôle européen «afin de garantir la liberté de circulation» des citoyens. Dans le même temps, le champ de possibilités offertes aux gouvernements pour demander un tel retour aux contrôles sera élargi, à la demande de la France notamment, pour inclure une vague d'immigration massive et des défaillances d'un pays de l'espace Schengen dans la surveillance de ses frontières. Actuellement, les pays de l'espace Schengen, créé en 1995, peuvent décider de rétablir temporairement les contrôles de leur propre chef en cas de menaces terroristes ou de grands événements comme un sommet de chefs d'Etat ou une compétition sportive. En introduisant un mécanisme qui de facto constitue une clause d'exclusion temporaire de Schengen, la Commission vise sans les nommer des pays comme la Grèce aujourd'hui, qui a toutes les peines à empêcher le passage d'immigrants clandestins via sa frontière avec la Turquie. L'objectif est aussi de rassurer des pays comme la France, l'Allemagne en vue de l'entrée dans Schengen de la Roumanie et de la Bulgarie, au cas où les contrôles aux frontières dans ces pays seraient jugés déficients. En contrepartie, Bruxelles veut qu'à l'avenir, les gouvernements ne décident plus à leur guise de rétablir les contrôles. Ils devront demander l'autorisation à la Commission européenne et justifier en détail leur requête. Dans des «situations d'urgence», les gouvernements pourront encore rétablir les contrôles sans feu vert préalable de Bruxelles, mais pendant une période limitée à 5 jours. La France, l'Allemagne et l'Espagne mènent déjà une fronde contre ces propositions, qui devront encore recevoir l'aval des pays de l'UE et du Parlement européen et seront donc sans doute amendées au final. «C'est aux Etats de maintenir l'ordre public et d'assurer leur sécurité intérieure» et pas à Bruxelles, ont martelé cette semaine dans un courrier commun les ministres de l'Intérieur des trois pays, Claude Guéant, Hans-Peter Friedrich et Antonio Camacho.