Pourquoi les syndicats autonomes se sentent-ils exclus de la tripartite ? Quinze ans sont passés depuis la création de la tripartite. Et aucun syndicat autonome n'a eu, selon leur expression, l'«honneur» d'y participer. L'exclusion ne date pas d'hier, mais cette année, l'indignation des syndicats en question est plus que jamais manifeste. Même si Dr Lyès Merabet affirme que les syndicats autonomes ont toujours «été dans la lutte et la dénonciation, en cumulant les grèves et les mouvements de protestation. Mais, la différence entre les années 1990 et 2000, c'est que dans la première période, les syndicalistes étaient occupés à sauver des vies et à survivre, tout simplement. Dans la seconde, tous les problèmes socioéconomiques sont remontés à la surface». Une raison de plus, selon lui, pour réitérer davantage le droit de leur syndicat à participer à la tripartite. «Mais le résultat est sans appel : les syndicats autonomes sont exclus de cet espace de dialogue très restreint», déplore Dr Merabet. Une exclusion dénoncée, y compris du côté des organisations patronales. Khadidja Belhadi explique cela par le manque de confiance de la part des pouvoirs publics vis-à-vis des cadres de son pays. «Le gouvernement n'écoute pas son peuple et ne lui fait aucunement confiance quant à sa capacité de construire le pays», dénonce Mme Belhadi. Non-événement Même son de cloche chez Hocine Dahmani qui s'interroge sur les critères de la sélection des participants à la tripartite. «Qui sont ces gens et qui les a désignés ? Ils ne représentent que leurs intérêts. Un ministre ne peut décider de l'intérêt de l'ouvrier !» argumente-t-il. Du côté de l'UGCAA, Hadj Tahar Belnouar qualifie tout simplement la tripartite de «couverture de la politique de replâtrage, sans visibilité et sans vision à long terme», analyse le porte-parole de l'UGCAA. Pour Messaoud Boudiba, la tripartite est «un non-événement qui représente une entité gouvernementale, avec à sa tête le Premier ministre Ahmed Ouyahia, qui adopte des décisions déjà prises auparavant». Et c'est en se basant sur la loi que Meziane Meriane avance que la tripartite ne serait que la traduction de «la violation de l'article 36 de la Constitution qui reconnaît le multi-syndicalisme». Et le coordinateur du Snapest de donner sa perception de l'exclusion des syndicats autonomes de la tripartite. «Le gouvernement algérien profite des richesses produites par les ouvriers algériens pour dilapider les deniers publics et encourager la corruption qui n'est pas contrôlée et qui met en danger l'avenir du pays. Or, s'il y avait un contrepoids pour contrôler toutes les décisions, on n'en serait pas arrivé là. D'où l'exclusion des syndicats autonomes qui ont toujours été à cheval sur les principes syndicaux et la défense des intérêts socioprofessionnels des ouvriers, en général.» Déni ou mépris, Malik Rahmani s'emporte devant la position adoptée par le gouvernement algérien vis-à-vis de la classe ouvrière : «Cette tripartite n'inclut pas la Fonction publique, c'est un drame. On ne considère pas que la Fonction publique, pilier de la cohésion sociale, comme élément fondamental de la productivité nationale.»