Tahar Chanane est un énarque ayant à son actif une vingtaine d'années d'expérience professionnelle au service de l'administration. Détenant un diplôme en économie et finances, il a occupé plusieurs postes de responsabilité dans des institutions nationales. Fort de son riche parcours, on lui a confié, il y a quelques mois, la lourde mission de gérer les déchets de Blida et rendre à cette dernière, considérée comme étant la ville la plus sale d'Algérie, ses roses d'antan. A la tête de l'établissement communal Ectomdi, un EPIC nouvellement créé et spécialisé dans le nettoiement de la commune de Blida, Tahar Chanane nous parle, dans cet entretien, des missions et des objectifs de cet établissement. -Un aperçu sur l'Epic Ectomdi ? L'Etablissement public à caractère industriel et commercial Ectomdi a été créé officiellement au courant du premier trimestre de l'année en cours, et ce, suite à un arrêté du wali et une délibération de l'APC de Blida. Il est doté d'un conseil d'administration présidé par le maire de Blida et a reçu une subvention de 36 millions de DA pour les besoins de son démarrage. Implanté provisoirement dans les sous-sols du palais des sports de Bab Essebt, en attendant son transfert vers un nouveau siège, cet établissement est spécialisé dans la collecte, le ramassage, le traitement et le transport des ordures ménagères et déchets inertes. En dehors de l'Ectomdi, il y a eu en parallèle création de cinq autres EPIC communaux concernant l'entretien de la voirie urbaine et de l'assainissement, le développement, la formation et l'entretien des espaces verts, la gestion de la circulation et du transport, la réalisation, la réhabilitation et l'entretien du réseau d'éclairage public en zone urbaine et enfin la promotion des arts et des activités culturelles. Tout cela afin de décharger l'APC de certaines lourdes tâches qu'elle ne pouvait plus accomplir convenablement et assurer une meilleure qualité de service. A notre niveau, l'on ne se contente pas de ramasser les ordures, mais nous pensons déjà à rentabiliser l'établissement du moment qu'il est doté aussi d'une vocation commerciale. -Donc, vous allez vous lancer dans le recyclage ? Certes, nous aurions aimé faire cela dans l'immédiat, mais notre établissement est encore nouveau et manque cruellement de moyens. Juste pour l'exemple, nous n'avons que deux minuscules bureaux pour un effectif dépassant les 300 personnes. On est quelque part ignoré même si on fait beaucoup de choses à la ville. Le recyclage des déchets ne peut être entamé que lorsqu'on nous aurions les moyens humains et matériels d'une manière suffisante. Même chose pour les prestations de services au profit des industriels qui peinent à gérer leurs déchets. -Justement, qu'en est-il alors des moyens mis à votre disposition ? Au début, nous avions bénéficié de l'affectation du matériel déjà existant, notamment 15 bennes tasseuses. Cela n'étant pas suffisant pour mener à bien notre mission, nous avons sollicité le wali de Blida afin de nous doter de plus de moyens. Il faut dire dans ce sens que les habitants de la commune de Blida génèrent, au quotidien et en moyenne, près de 200 tonnes d'ordures ménagères. Cela sans compter les déchets qui se trouvent à côté des marchés et des commerces. En tout, on doit procéder au ramassage de plus de 250 tonnes d'ordures /jour pour une flotte héritée qui est loin de répondre à nos ambitions. Le chiffre est énorme et les moyens sont minimes. Certes, nous avons procédé à de nouveaux recrutements (130 éboueurs, 100 balayeurs, 60 contrôleurs, 55 chauffeurs…), et ce, en dehors d'une centaine de travailleurs transférés de l'APC à nos services. Mais cela doit être accompagné par l'acquisition de nouveaux moyens. Dernièrement, nous avons ciblé des lieux, presque jamais nettoyés, comme le cimetière judaïque par exemple ou certains quartiers situés sur les hauteurs de Blida. Ils étaient synonymes de vastes décharges publiques. Nous lançons surtout un appel aux citoyens de jouer le jeu et de ne pas jeter leurs ordures n'importe où, à n'importe quelle heure et n'importe comment. Les comités de quartiers doivent s'impliquer dans le travail de sensibilisation. Du moment que notre établissement est jeune de création, nous comptons aussi sur l'implication des industriels de Blida afin de nous aider à relever le défi. Le nettoiement de cette ville est plus qu'une mission pour nous, elle est notre cause.