Les mauvaises habitudes ont la peau dure ; y remédier en réinstallant les normes pour ce secteur névralgique, c'est s'exposer à des résistances. Evidemment, il faut y aller. C'est le mot d'ordre, la feuille de route, comme on dit maintenant, lancé par la directrice de l'éducation d'El Tarf, Warda Bensaâdane. «On ne peut plus prétexter le manque d'infrastructures à El Tarf, il y a ce qu'il faut à présent», précise-t-elle. Avec les établissements réceptionnés durant cette rentrée, la wilaya se retrouve avec 25 lycées pour 14 325 élèves dans le secondaire, 70 collèges pour 33 296 élèves dans le moyen et 252 écoles pour 40 928 élèves dans le primaire. Est-on dans les normes? Question sans réponse parce que précisément il n'y a pas de normes. «Il faut maintenant s'atteler à mettre fin aux classements au bas du tableau », ajoute notre interlocutrice en faisant allusion aux résultats annuels par wilaya où El Tarf n'arrivait pas à décoller du bas du tableau du classement national: 42ème au bac 2010-2011 et 44ème à celui de 2009-2010. Pas mieux pour le BEF. Humiliant, même si dans certains établissements quelques lauréats, récompensés très ostensiblement pour sauver l'honneur, ont décroché des notes de 18/20. L'intention est bonne, mais comment s'y prendre ? Pour la directrice de l'éducation, il faut impliquer les parents et les amener à s'intéresser à la scolarité de leur progéniture et à la vie des établissements scolaires. Mais, est-ce vraiment la solution, avec beaucoup de parents qui consacrent aujourd'hui le plus clair de leur temps à proposer des «arrangements» avec des enseignants et une administration inconscients de leur rôle, voire irresponsables, souvent sans scrupule et corrompus, ou encore organisant la triche et la fraude aux examens ? La qualité recherchée ne pourra pas s'apprécier à sa juste mesure si l'échelle des valeurs est pervertie par la fraude encouragée, il faut le dire, par le pouvoir à des fins politiques qu'il ne prend même plus la peine de cacher : le pourcentage de réussite. Pour Mme Bensaâdane, il faut également agir en direction du corps enseignant; des dispositions ont été prises dans ce sens comme un contrôle plus strict de ces derniers avec une obligation de résultats pour les chefs d'établissements. Le pourrait-on ? Difficile. Les enseignants dignes de ce nom sont démobilisés pour un tas de raisons. Les autres font preuve d'une flagrante incompétence qui leur fait prendre le prosélytisme pour de l'instruction. Le marasme de l'éducation a laissé s'installer de très mauvaises habitudes chez les parents, les enseignants, l'administration et les élèves. Un coin de ciel bleu cependant pour cette rentrée: l'ouverture de nouveaux établissements dans les localités éloignées des centres urbains. Ce qui va immanquablement réduire la tension sur le transport scolaire, la bourse des parents et le nombre d'élèves par classe. Exception, cependant, pour le CEM Houari Boumediène d'El Kala, le plus grand de la wilaya avec près d'un millier d'élèves et des classes de 4ème année de plus de 40 élèves, lequel n'a pas été soulagé par l'ouverture du tout nouveau collège de Kantra El Hamra.