Les travaux de la tripartite (gouvernement-UGTA-patronat) débuteront aujourd'hui à Alger. Cette rencontre intervient dans un contexte particulier caractérisé par une montée de la colère sociale. Pas un jour ne passe sans que la presse nationale fasse état de mouvements de contestation de citoyens réclamant, qui un logement, qui un emploi ou une hausse de salaire. Comme de coutume, le gouvernement n'a pas pris le soin d'inviter les syndicats autonomes à la table des discussions. Pourtant, ce sont ces mêmes syndicats qui sont aux premières loges de la contestation syndicale, alors que le patron de l'UGTA se contente de jouer au pompier. Ces syndicats organisent la riposte et dénoncent la non-représentativité de l'UGTA. Des grèves sont annoncées dans les prochains jours dans certains secteurs, particulièrement celui de l'éducation. Interrogé sur l'exclusion de cette réunion des syndicats autonomes, Sidi Saïd, patron de la centrale syndicale, s'en est défendu, estimant que son organisation reste «représentative» et que cette question relève des autorités politiques et non pas d'une organisation syndicale. Selon des observateurs, les principaux acteurs de la tripartie devront lâcher du lest afin de calmer le front social. SNMG, IRG et article 87 bis L'un des points principaux des pourparlers : la révision du Salaire national minimum garanti (SNMG). L'UGTA négociera l'augmentation du SNMG pour obtenir 20 000 DA, sinon un «minimum» de 18 000 DA, a affirmé hier Abdelkader Malki, chargé de la communication à l'UGTA, cité par APS. L'actuel SNMG, faut-il le rappeler, est fixé à 15 000 DA.La centrale syndicale avait évalué «le budget vital d'une famille de sept personnes» en 2003 à 22 970 DA, et à 24 790 DA en 2005. Le seuil que réclame nombre de syndicats autonomes dépasse celui que se propose d'arracher Sidi Saïd. A titre d'exemple, une étude réalisée par le Snapap a ainsi relevé que pour une famille de 6 personnes, il faudrait un salaire minimum de 35 000 DA. Entre-temps, le pouvoir d'achat des Algériens n'a pas cessé de dégringoler. Sur la question des salaires, le patronat algérien tient un discours plutôt mesuré. Celui-ci se dit favorable à une augmentation du SNMG en prenant en considération la pérennité de l'outil de production. A plusieurs reprises, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a martelé que la hausse des salaires devrait découler de l'évolution de la productivité. Un argument qui ne convainc guère, d'autant plus que l'économie nationale demeure fortement tributaire de la rente pétrolière. Autres dossiers soumis aux pourparlers, une baisse de l'impôt sur le revenu global (IRG) et l'abrogation de l'article 87 bis du code de travail. Nombre de syndicalistes considèrent que les fonctionnaires ne profiteront pas de l'augmentation du SNMG si les articles 87 et 87 bis de la loi 90-11 relative au SNMG ne sont pas abrogés. D'autres questions importantes seront par ailleurs examinées lors de la réunion de la tripartite, dont notamment la mise en œuvre des résultats de la tripartite de mai 2011, l'amélioration et la promotion de la production nationale, les retraites, le pacte économique et social, les conventions de branches ainsi que la représentation syndicale dans le secteur privé.