Les patrons algériens soumettront aujourd'hui, en rangs dispersés, leurs préoccupations et leurs propositions au gouvernement et au partenaire social. L'amélioration du climat des affaires et de l'environnement de l'entreprise est au cœur de leurs revendications, mais les chefs d'entreprise sont conscients que cette tripartite aura surtout pour objectif de sortir avec des mesures allant dans le sens de l'apaisement social. «Nous constatons, en tant que patrons, qu'il y a un mécontentement sur le front social qu'il faut stabiliser car c'est important pour l'environnement de l'entreprise. Le relèvement du SNMG et la suppression de l'article 87 bis (du code du travail) auront une place importante dans les discussions de cette tripartite. Il y a aussi la problématique du pouvoir d'achat sur laquelle nous devons nous pencher», souligne Habib Yousfi, président de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA). Cette organisation patronale «est très préoccupée par les problèmes que rencontrent les PME du BTPH. Nous allons donc discuter notamment sur le rééchelonnement de la dette fiscale et bancaire», a-t-il ajouté. La CGEA estime par ailleurs nécessaire de «débattre de réajustements du Pacte économique et social pour l'adapter au contexte actuel du pays et à la conjoncture extérieure». Mohand Saïd Naït Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), a pour sa part insisté sur la nécessité d'appliquer les recommandations contenues dans les rapports des groupes de travail constitués lors de la dernière tripartite : «Nous les avons étudiés et nous sommes très satisfaits. Nous souhaitons donc la mise en œuvre de ces conclusions qui prennent en charge nos doléances et permettront la promotion de la production nationale.» Lui aussi s'est exprimé sur le Pacte économique et social, plaidant pour sa «reconduction» avec toutefois «une refondation pour maintenir la stabilité sociale». La CNPA envisage en outre de demander la réouverture des bureaux de change. «Nous allons aussi demander la modernisation de l'administration pour qu'elle devienne un outil d'appui et d'encadrement de l'économie. Nous allons évidemment discuter de l'augmentation du SNMG et de l'amélioration du pouvoir d'achat. Nous estimons qu'il faut demander à l'Office national des statistiques un travail scientifique sur la productivité. Il est aussi important de réduire les charges sociales afin de pousser les entreprises à recruter», a-t-il détaillé. Le Forum des chefs d'entreprises (FCE) s'est prononcé, de son côté, par la voix de son président, Réda Hamiani, en faveur d'une augmentation du SNMG. Il s'est dit favorable à une telle décision «pour des questions sociales, des questions de rattrapage par rapport à des prix qui ont connu une ascension, par rapport aussi à des hausses généralisées qui sont intervenues dans d'autres secteurs». «L'impact ne peut être décisif compte tenu de la grille actuelle des salaires, rares sont les entreprises qui paient au niveau du SNMG. Il s'agit essentiellement de gardiens, d'agents de sécurité et de femmes de ménage», a-t-il noté. M. Hamiani a cependant souhaité «que cette hausse soit mesurée et qu'elle ne s'étende pas à toutes les catégories salariales», mettant en avant la mauvaise situation financière de certaines entreprises. «Le salaire étant un coût supplémentaire, cela va alourdir leur gestion, cela va rendre plus difficile l'adaptation de leur code d'exploitation», a-t-il expliqué. Le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), Boualem M'rakech, a quant à lui appelé à la bonne exécution des dispositions contenues dans le Pacte national économique et social de 2006, qualifiant ce document d'«avancée incontestable». «Ce document est fiable. Nous n'avons pas besoin de le revoir», a-t-il soutenu. Concernant l'augmentation du SNMG, la CAP estime qu'«elle ne doit pas être une décision inopinée, mais doit refléter la situation économique du pays».