Une terre peut enfanter légendes et mythes et manquer d'infrastructure culturelle. C'est le cas de la localité d'Ath Yenni qui a vu naître Mouloud Mammeri, Mohamed Arkoun, Slimane Hachi et tant d'autres de ses illustres fils. Avec ses 7 villages et ses 4000 habitants, la commune d'Ath Yenni n'a disposé d'une bibliothèque qu'à partir de 2003. Il a fallu un engagement soutenu du mouvement associatif et des élus locaux pour que « l'ancien siège de l'APC soit transformé en espace culturel. Dotée de deux salles de lecture, l'infrastructure dispose de huit micro-ordinateurs et abrite une demi douzaine d'associations culturelles locales », nous dit le P/APC d'Ath Yenni. Notre interlocuteur précise que « cet espace culturel portant le nom de Mouloud Mammeri a coûté plus de 50 millions de centimes à l'assemblée communale. La Bibliothèque nationale d'Alger a fourni 3000 livres à titre gracieux à cet établissement ». « Parmi les quelques milliers d'ouvrages dont nous disposons, nous n'avons pas toute la bibliographie de Mouloud Mammeri. C'est pour vous dire la sécheresse de notre patrimoine livresque », nous dit L. Dalila, bibliothécaire. Recrutée dans le cadre du programme d'Aide à l'insertion de la jeunesse (AIJ) depuis 2003, cette jeune femme, qui perçoit 3000 DA/mois, avoue ne pas pouvoir fournir aux adhérents les titres demandés. « Nous n'avons pas beaucoup d'exemplaires de chaque ouvrage, ce qui nous contraint à ne pas offrir des prêts externes au grand dam de nos adhérents », nous précise-t-elle. Avec le peu de moyens et la précarité du statut de ses agents, il est difficile de répondre aux besoins d'une population juvénile comptant au moins 300 lycéens et le double de collégiens. « Les candidats au baccalauréat bénéficient gratuitement de cours de soutien et d'initiation à l'informatique », ajoute une animatrice. Nos interlocuteurs attendent des pouvoirs publics la consolidation en moyens humains et matériels de cet espace culturel.