Le 21e anniversaire de la mort de l'écrivain Mouloud Mammeri est commémoré cette année par l'association "Talwit" (la sérénité) de Béni Yenni (Tizi Ouzou) sous le mot d'ordre “Mouloud Mammeri, un modèle de résistance sereine”. “C'est ainsi que cette association, fidèle au principe de maintenir cette flamme, en veillant sur l'idée de transmettre le flambeau à des générations quel que soit leur niveau intellectuel”, dira le président de Talwit. “On tente de résister tant bien que mal, car le sort de la culture, lorsqu'il s'éloigne du cadre festif, n'est pas toujours une passion sans fatigue”, ajoute un autre cadre associatif. Comment ne pas évoquer une personne de la trempe de Mammeri, “celui qui se fait le porteur, le rapporteur, le colporteur de la parole de tous ceux qui sont condamnés au silence jusque dans leur propre pays”, pour reprendre les termes de son ami Pierre Bourdieu. Deux décennies après la mort de l'Amoussnaw, des jeunes, “toujours assoiffés de culture et de liberté” (Tahar Djaout), investissent cet espace culturel de Béni Yenni qui porte son nom pour une panoplie d'activités commémoratives. Ainsi, après l'ouverture officielle des festivités en présence des membres de sa famille, des artistes, des membres associatifs, une exposition permanente, où l'on retrouve aisément le parcours de Dda L'Mouloud, son œuvre littéraire, théâtrale et anthropologique, est mise en place avec soin. En effet, une évocation très poétique où se mêle la voix concordante des enfants d'Ath Yanni en chorale, à celle des conférenciers en débat. On y trouvera Hachi Slimane évoquant l'auteur de l'Ahellil de Gourara et ses travaux anthropologiques sur terrain, ou dans un autre aspect, l'approche d'Abdenour Abdeslam nous fera découvrir Mammeri et Tamazight. Notons aussi au programme des pièces de théâtre et des monologues variés pour meubler quatre jours d'activités (du 25 au 28 février). En liste, Amer Colombo, Debza, et d'autres troupes régionales qui ont brillé dans des manifestations culturelles diverses, venues de Maâtka, Iferhounène et d'autres localités. Par ailleurs, tout le public assistera au tirage au sort du concours culturel de l'édition 2009. “Nous allons offrir un PC au premier chanceux pendant que les deux suivants (3 en tout) se verront récompenser par un lot de livres dont l'œuvre de Mammeri”, apprend-on sur place. Cette année encore, dans le sillage de la commémoration, on tient à évoquer une autre figure artistique oubliée, issue d'une autre colline. Il s'agit du chanteur Danane d'Ath Lahcen, un ami du bien connu Akli Yahiatène, auteur de la fameuse chanson Achou Mazal (que reste-t-il ?). En outre, un concours culturel sera organisé au bénéfice des élèves tous paliers confondus, une initiative lancée à travers la presse et les écoles. Ainsi, nageant souvent à contre-courant sous contraintes et embûches à tout bout de champ, Talwit aura le mérite d'hériter de “cet homme immense qui a donné sans compter et qui n'a jamais rien demandé en échange”, pour reprendre les mots du chanteur Idir, la fureur de rester debout face aux vicissitudes du temps. Pour mémoire, l'émérite écrivain de la Colline oubliée, né le 28 décembre 1917 à Taourirt Mimoune (Ath Yenni, Tizi Ouzou), a trouvé la mort dans la nuit du 26 février 1989, près d'Aïn Defla (sud-ouest d'Alger), à son retour d'un colloque organisé à Oujda (Maroc).