Farouk Ksentini affirme que les dispositions de la charte interdisant le retour des responsables de «la tragédie nationale» sur la scène politique ne sont pas conformes au droit. La question revient d'une manière itérative. Le retour des islamistes de l'ex-FIS sur la scène politique et l'amnistie générale pour les terroristes suscitent toujours la polémique. Ce week-end, au 6e anniversaire de la mise en œuvre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, la question est ressuscitée. Le président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (CNCPPDH), Farouk Ksentini, monte au créneau pour affirmer que «la disposition de la charte interdisant le retour des responsables de la tragédie nationale sur la scène politique n'est pas conforme au droit». «L'interdiction ne peut en aucun cas être généralisée. Elle ne peut également pas avoir le caractère de la perpétuité. Toute interdiction doit être limitée dans le temps», avait-il déclaré, lors de son passage jeudi dernier au Forum d'El Moudjahid. Le président de la CNCPPDH, une structure rattachée directement à la présidence de la République, plaide aussi pour des mesures complémentaires de cette charte. Il laisse croire ainsi que cette question n'est pas définitivement tranchée. Avant lui, des anciens dirigeants du FIS sont montés au créneau pour demander «leur droit à l'exercice politique et à la création de leur propre parti». Interrogé par les journalistes, vendredi dernier à l'issue de la tripartite, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, dément l'existence de tout projet d'amnistie générale au profit des islamistes. «J'ai lu dans certains journaux qu'il va y avoir une amnistie générale en faveur des terroristes. Faux, faux sur toute la ligne. Je démens le plus solennellement du monde», avait-il lancé. Même réponse concernant l'éventuel retour des anciens cardes du FIS dissous sur la scène politique. Il rappelle, dans ce sens, les dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale et celles contenues dans le nouveau projet de loi sur les partis politiques qui, dit-il, ont clôturé définitivement le débat sur ce sujet. Pourquoi alors continuer à polémiquer sur une question close ? N'y a-t-il toujours pas de consensus au sommet du pouvoir sur l'interdiction aux responsables de l'ex-FIS de faire partie de l'échiquier politique national ? Pourquoi on parle trop des terroristes et on passe sous silence les droits des victimes ? Plus de réponse. Les familles victimes du terrorisme et les familles des disparus continuent de souffrir en silence. Leurs causes sont même étouffées depuis la mise en œuvre de ladite charte. Pis encore, les parents des victimes, qui continuent de revendiquer la justice, sont souvent malmenés. Les familles des disparus, qui organisent, chaque mercredi, leur rassemblement hebdomadaire pour exiger la vérité et la justice devant le siège de la CNCPPDH, sont empêchées de s'en approcher depuis plusieurs mois. Elles sont même sommées d'accepter les dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation, dans le silence.