La plupart des 19 000 habitations construites après cette catastrophe sont dans un état de délabrement avancé car elles ont largement dépassé leur durée de vie de 10 ans. Si le centre-ville de Chlef a pu être reconstruit et même urbanisé à outrance, suite au séisme de 1980, les sites préfabriqués entourant le siège de la commune, demeurent, eux, totalement à l'abandon. On y dénombre cinq grandes cités, qualifiées de «véritables bidonvilles» par les uns, et de «cités-dortoirs» par les autres. À elles seules, les communes voisines de Chlef et de Chettia totalisent 12 000 logements préfabriqués, sur un total de 19 000 unités. Ces dernières n'ont fait l'objet d'aucune opération de réhabilitation ou d'éradication globale, comme le réclamaient les sinistrés. Pire, la plupart des 19 000 habitations construites après cette catastrophe sont dans un état de délabrement avancé, car elles ont dépassé largement la durée de vie initiale de 10 ans. Elles manquent aussi de services publics essentiels, tels que les espaces verts, les aires de jeux, les commerces et les parkings. Outre la dégradation de leurs conditions de vie, les occupants souffrent à des degrés divers de certains problèmes de santé liés à ce type de constructions. Ils ont l'impression d'être marginalisés, voire oubliés, sans aucune assistance ni prise en charge de l'Etat. Ils veulent tous rester sur les lieux et bénéficier d'une aide conséquente des pouvoirs publics pour pouvoir construire une nouvelle habitation en lieu et place de l'ancienne. Le Gouvernement a bien consenti une aide en ce sens, fixée à 70 millions de centimes pour chaque famille concernée, mais ce montant est jugé insuffisant. «Nous ne pouvons reconstruire ou éradiquer nos baraques avec une telle somme qui est d'ailleurs libérée en trois tranches. Nous demandons donc que l'aide en question soit revue à la hausse, d'autant plus que 13 milliards de dinars, destinés à ce dispositif, dorment dans les caisses de la CNL», indiquent des pères de famille. À fin septembre dernier, 1460 dossiers seulement ont pu être déposés et 1334 décisions établies par les commissions en charge de l'opération, ce qui renseigne sur le peu d'engouement suscité par cette mesure. Tout porte donc à croire que le préfabriqué va durer assez longtemps dans le paysage local. Un paysage qui risque, hélas, de se dégrader encore davantage, en l'absence d'une restructuration globale des sites préfabriqués. C'est un gros point noir qui restera toujours collé à la ville si aucune mesure d'urgence n'est prise par les décideurs.