La stèle, en mémoire de toutes les victimes de l'OAS, a été inaugurée, jeudi, par le maire de Paris, en un lieu symbolique, le cimetière du Père-Lachaise, l'un des plus visités de la capitale française l C'est de bon augure alors qu'on s'apprête à commémorer le cinquantième anniversaire du 17 Octobre 1961. C'est en février 2011, à la veille du 49e anniversaire du triste épisode de la manifestation réprimée au métro Charonne, que l'installation de la stèle à la mémoire des victimes de l'OAS avait été mise en délibéré au conseil de Paris. L'adjointe au maire, porteuse du projet, Catherine Vieu-Charrier, devait déjà indiquer que «c'est le premier monument en France de ce type» : «Nulle part un tel monument n'existe, même pas à Evian où pourtant le maire, Camille Blanc, fut assassiné par l'OAS le 31 mars 1961». Elle avait également souligné qu'il est «temps aujourd'hui de travailler à entendre et à confronter les mémoires : les soldats du contingent, les harkis, les rapatriés, les Algériens luttant pour leur indépendance, et toutes les victimes de cette guerre. La Ville de Paris a déjà commencé un travail avec le mémorial au Père-Lachaise en hommage aux 547 Parisiens morts pour la France en Afrique du Nord, avec la plaque du pont Saint-Michel en souvenir des victimes du 17 Octobre 1961, avec le monument en mémoire des harkis et des victimes civiles dans le jardin de la Butte-du-Chapeau-Rouge et avec la place Maurice Audin, la place du 8 Février 1962 au métro Charonne et la place du 19 Mars 1962, date officielle du cessez-le-feu». Le vote s'est fait à l'unanimité par les élus du conseil de Paris, toutes tendances confondues, gauche (majoritaire) et droite, pour un coût de 13 472 euros. Le texte, inscrit dans les registres municipaux, est le suivant : «1961-1962. En hommage à toutes les victimes de l'OAS en Algérie et en France. Civils, militaires, élus, magistrats, fonctionnaires, défenseurs des institutions et des valeurs de la République». Selon Jean-François Gavoury, président de l'Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l'OAS (Anpromevo), fils d'un commissaire de police exécuté par l'OAS en 1961 à Alger, présent avec Jean-Philippe Ould Ouadia (dont le père fait partie des personnes assassinées le même jour que l'écrivain Mouloud Feraoun), la terreur de l'Organisation de l'armée secrète (OAS) dans les derniers mois de la guerre algérienne a causé 2700 morts : «Des victimes de tant de crimes ciblés, individuels ou collectifs, que d'attentats aveugles ; des victimes en Algérie comme en métropole». Il évoqua particulièrement «ces innombrables victimes anonymes des meurtres en série commis par l'OAS en Algérie à travers ses journées des femmes de ménage, des facteurs, des cheminots, des préparateurs en pharmacie, des dockers…» Lors de la cérémonie inaugurale, le maire de Paris, Pierre Delanoë, indiqua que «l'OAS, c'est une organisation terroriste, c'est une organisation criminelle qui a voulu détruire la République. Les victimes, que nous honorons aujourd'hui, sont des femmes, des hommes, des enfants, des militaires, des Français et Algériens morts parce qu'une organisation a contesté et voulu abattre l'ordre démocratique.» Pierre Delanoë devait aussi indiquer, devant les journalistes, que la reconnaissance par la France de la colonisation doit être à l'ordre du jour : «Il n'est jamais légitime qu'un peuple écrase un autre peuple. La France doit dire les choses avec le souci de vérité, elle ne s'abaissera pas, elle se grandira.»