La grève enclenchée par les travailleurs de la laiterie de Draâ Ben Khedda (Tizi Ouzou), dimanche dernier, n'est pas sans incidences sur l'approvisionnement des commerces en lait en sachet. Produit de première nécessité, le lait se raréfie chez les commerçants. La pénurie s'installe et commence à se faire ressentir dans les ménages qui se sont rabattus sur le lait en poudre. Le mouvement de grève répond à un seul mot d'ordre : la renationalisation de la laiterie. Les raisons de cette réclamation, qui n'a jamais été mentionnée dans une quelconque plateforme de revendications, sont, pour les grévistes, «la mauvaise gestion de l'entreprise, le manque d'investissement à même de garantir la pérennité des emplois et l'augmentation de la production qui a, du point de vue qualité, beaucoup régressé». La laiterie de Draâ Ben Khedda assure l'essentiel de la production locale en lait, soit 320 000 litres/jour, couvrant 85% des besoins de la wilaya de Tizi Ouzou. Contacté par nos soins, M. Aired, président-directeur général de l'entreprise, nous a répondu : «Cette manifestation illégale est le fruit d'une manipulation extérieure fondée sur des arguments diffamatoires visant à remettre en cause la privatisation de cette entité économique.» Et d'ajouter : «C'est un jeu malsain, la grève n'est pas justifiée par des revendications sociales. Tous les engagements qui ont été pris dans le cadre du contrat de cession ont été honorés à la grande satisfaction des travailleurs, du syndicat, de Giplait et du SGP Tragral (investissement et recrutement).» L'usine est à l'arrêt depuis quatre jours et aucun service minimum n'est assuré. «Si cette grève était légale, les protestataires auraient respecté le service minimum, comme le stipule notre règlement», a déclaré M. Aired. «Nous avons été contraints de mobiliser nos unités de Boudouaou et de Birkhadem qui ont mis à notre disposition 150 000 litres/jour, soit moins de la moitié de notre production locale qui est de 320 000 l/j pour soulager les foyers», ajoute-t-il, avant d'attester que «nous avions été tenus d'investir à hauteur de 350 millions de dinars sur quatre ans. Or, nous avons engagé 400 millions de dinars en 3 ans seulement». Réagissant aux affirmations sur le manque d'investissement et d'équipement, notre interlocuteur estime que «l'entreprise se porte mieux qu'en 2008, date à laquelle cette unité nous a été cédée par Giplait». Sur le volet de la création d'emplois, le responsable rassure : «Nous avions obligation de créer 150 emplois en 4 ans et, là aussi, le seuil est dépassé, car nous avons créé 13 postes supplémentaires. Nous employons actuellement 373 travailleurs.» Accusée par les protestataires de «détournement» de la poudre de lait subventionnée par l'Etat, la direction qui s'en défend, par la voix de son conseiller, déclare : «L'Etat subventionne 830 tonnes de poudre de lait, l'équivalent de 265 000 litres/jour. Notre entreprise importe la poudre pour réaliser l'appoint et atteindre une production de 320 000 litres/jour.»