Les vrais parrains du réseau de voleurs de câbles électriques et téléphoniques ne sont toujours pas inquiétés en dépit du fait que leurs noms aient été cités dans les nombreuses affaires similaires traitées par les services de sécurité. Selon des sources sûres, l'enquête menée par les services de la Gendarmerie nationale dans le cadre du démantèlement du réseau de voleurs de câbles électriques et téléphoniques, dont la destination est l'exportation en tant que déchets ferreux et non ferreux, n'a pas encore abouti « aux gros bonnets » qui contrôlent ce trafic. Néanmoins, les sociétés algériennes et étrangères impliquées s'avèrent être des récidivistes puisqu'elles ont été inculpées par le tribunal d'El Harrach, dans le cadre de l'enquête sur les vols de câbles électriques et téléphoniques, appartenant à Sonelgaz et à Algérie Télécom, en octobre 2004. L'éclatement de cette affaire avait démarré à partir de la wilaya de Saïda, où un des exportateurs de déchets ferreux et non ferreux mis en cause a été condamné par la justice. Les autres mis en cause, tels que les sociétés BA Metal, Eurl Frilancia, Eurl Abdelillah, Techno Fluid, et les exportateurs C. Miloud, A. Abdelaziz, H. Saâd, B. Mohamed Nadji (Tunisien) et H. Smaïl ont été présentés devant le tribunal d'El Harrach, le 2 juin 2005, pour fausses déclarations en écriture publique, recel, non-rapatriement de fonds et transferts illicites de devises, avant d'être remis en liberté provisoire. Le dossier est à ce jour en instruction. Plus grave, l'opérateur (témoins à charge), qui a permis la récupération des câbles volés et aidé les services de la gendarmerie à remonter la filière de la mafia des déchets ferreux et non ferreux, s'est retrouvé condamné par le même tribunal qui instruit l'affaire pour vol à la suite d'un dépôt de plainte par un des exportateurs ciblés par l'enquête. « J'ai saisi le juge chargé de l'enquête pour l'informer de l'affaire en cours d'instruction dans la même juridiction portant sur la dilapidation des biens de la collectivité, faux et usage de faux, recel et violation de la loi sur le contrôle de change, en vain... », a déclaré l'opérateur. Ces mêmes exportateurs se retrouvent dans l'affaire traitée par la gendarmerie à Fouka cette semaine, et qui a permis la récupération de 22 t de câbles électriques et téléphoniques appartenant à Sonelgaz et à Algérie Télécom. Plus de 3000 t de ces produits avaient été déjà exportées. Les plus grandes victimes de cette pratique mafieuse sont Sonelgaz et Algérie Télécom, deux entreprises qui font l'objet, depuis des années, de vols et de dégradations de leurs installations acquises en devises fortes. En 2004, Sonelgaz, par exemple, a reconnu que ces vols lui ont causé un préjudice de plus de 20 milliards de centimes. Pour la wilaya de Tipaza seulement, 14 845 ml de câbles électriques et 10 402 m de câbles téléphoniques ont été volés causant un préjudice financier de l'ordre de 3,8 milliards de dinars aux entreprises concernées. La mafia des exportations des déchets ferreux est allée jusqu'à voler des rails de chemin de fer, occasionnant dans certains cas de graves accidents ferroviaires. Des produits très prisés sur les marchés internationaux de la ferraille, mais dont le monopole reste entre les mains de deux sociétés françaises, à savoir la SMRI Marseille, devenue depuis quelque temps seulement Groupe AJM, et Sobral Lyon.