Un vaste plan de réorganisation vient d'être mis en branle afin de faire sortir la Bourse d'Alger de sa déprime chronique et de parvenir à l'ériger en place financière à même de drainer une épargne et la canaliser vers le financement de l'investissement. Présenté hier au siège de la Bourse, par les instances en charge de la gestion et de la supervision du marché des capitaux d'Alger, ce plan de réforme vise notamment à alimenter le parquet en nouveaux flux de titres, à des niveaux suffisants pour que la Bourse puisse être enfin opérante. «Après une décennie d'existence, la Bourse d'Alger ne compte que trois actions. C'est quasiment comme si elle fonctionnait à vide», a regretté, en ce sens, Ismaïl Noureddine, président de la Commission d'organisation et de surveillance des opérations de Bourse (Cosob). Selon lui, même les pouvoirs publics ont péché contre le marché boursier en ayant privilégié des modes de privatisation d'entreprises autres que leur cession partielle en Bourse. Durant les premières années de l'entrée en activité du marché des capitaux d'Alger, faut-il rappeler, que l'Etat avait conçu, à maintes reprises, des listings d'entreprises publiques censées procéder à des opération d'ouverture de capital par le biais de la Bourse. Des listes restées finalement lettre morte. Les pouvoirs publics, a estimé le président de la Cosob, ont préféré avoir la possibilité de choisir les repreneurs des entreprises privatisables, mais cette option a lésé le marché boursier en le privant d'un flux de titres qui aurait permis une meilleure animation de la cote officielle. Interrogé sur l'éventualité de voir l'Etat proposer une nouvelle liste d'entreprises à privatiser en Bourse, le premier responsable de l'autorité boursière nous a indiqué que la Cosob ne travaille plus sur cette base, mais compte cibler toutes les entreprises éligibles à la cote, qu'elles soient publiques ou privées. Dans cet ordre d'idées, nous a-t-il encore affirmé, l'ouverture d'un compartiment boursier dédié aux PME, tel que décidé lors de la dernière tripartite, ne devra pas tarder à se concrétiser, vu que les textes réglementaires y afférents sont en passe d'être promulgués. Outre la cotation des PME, le nouveau plan de modernisation de la Bourse d'Alger prévoit également l'installation d'un compartiment spécifique pour les grandes entreprises, une mise à niveau du cadre réglementaire et législatif régissant le marché, une plateforme informatique et des systèmes d'information et de cotation modernes, ainsi que la promotion des métiers de titres dans les banques publiques et l'implication du secteur bancaire privé. D'un coût global de près de 1,5 million de dollars, dont une partie financée par Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), ce projet de réforme devra être mené en deux étapes ; la première consistant en un plan d'évaluation générale du marché financier local, tandis que la deuxième portera sur la mise en œuvre effective du processus de sa modernisation. «Il n'est plus question de simples mesures de réorganisation, car cela n'a jamais marché, mais d'une restructuration profonde qui doit toucher tous les compartiments financiers, en vue de mettre en place les conditions de développement d'une industrie locale de titres», a soutenu en définitive le président de la Cosob. Pour lui, le développement de la Bourse d'Alger est carrément une question de choix national à faire.