Il frise les cinq printemps. En fait, il lui en manque deux. Deux malheureux petits mois. Belmokhtar Mohamed Amine, de famille modeste, est né le 3 décembre 2006. Il dort et se réveille avec un cartable. Il délire. À 7h45, il met son tablier et se dirige vers la porte pour aller à l'école. Ses parents l'arrêtent, mais n'arrivent pas à lui expliquer que l'établissement scolaire qu'il voit dans ses rêves refuse de l'accueillir en classe préparatoire. Personne ne semble comprendre son obsession. Il refuse de se nourrir. Son corps frêle faiblit de plus en plus. Ce n'est pas un caprice, mais juste un droit ; même si le règlement stipule que l'enfant doit avoir cinq ans pour se mettre sur un bac de madrassa. Avant-hier, il a eu un malaise qui l'a conduit à l'hôpital. Voir des enfants se diriger vers l'école est un supplice pour lui. A son âge, Mohamed Amine ne comprend pas qu'on lui refuse le savoir. On a beau tout lui apporter à la maison, un petit tableau, de la craie, une brosse… Rien ne remplace une vraie classe, une maîtresse et des camarades. Ne peut-on pas faire une exception pour ce môme ? Après tout, il ne cherche qu'à apprendre !