La nationalisation du complexe Tonic peut être perçue comme une tentative de sauvetage de cet outil de production capable d'offrir jusqu'à 10 000 emplois. La Société de gestion des participations de l'Etat chimie-pharmacie (SGP Gephac) a officiellement repris le groupe Tonic Emballage dont le capital était entièrement détenu par la Banque algérienne de développement rural (BADR) après sa mise sous séquestre au milieu des années 2000. Le fonds national d'investissement serait intervenu dans ce sens pour mobiliser les capitaux nécessaires à sa remise en selle. La législation algérienne interdisant, depuis l'affaire Khalifa, l'existence de groupes industriels et financiers, la reprise par l'Etat de ce complexe papetier géant ayant appartenu à la famille Djerrar était dans la logique des choses. Le complexe en question a été officiellement transformé en EPE/SPA ayant pour dénomination Tonic Industrie. Son capital social détenu par la SGP Gephac à capitaux exclusivement publics est de 30 milliards de dinars. C'est donc une nationalisation en bonne et due forme qui a ainsi été opérée. Le groupe, qui était structuré en une dizaine de filiales, est désormais une mono-entreprise. La présidence du conseil d'administration a été confiée à M. Merzougui, qui occupe actuellement la fonction de PDG du groupe Gipec. On se souvient que le complexe Tonic Emballage réalisait, avant de subir les déboires judiciaires qui devaient le conduire à sa mise en faillite, des prouesses en matière de production avec, à la clé, un chiffre d'affaires de plus de 12 milliards de dinars en 2004. Il avait réussi à satisfaire une bonne part de la demande nationale dans divers types de papier et commencé même à exporter d'importants excédents vers l'Europe et certains pays du Maghreb notamment. Il avait beaucoup contribué à la préservation de l'environnement par ses actions de récupération de déchets de papier et cartons qui avaient, du reste, procuré des emplois à des milliers de jeunes désœuvrés. Sa mise sous séquestre, pour d'obscures raisons, a fini par ruiner ce joyau de l'industrie papetière dont le chiffre d'affaires annuel chutera subitement à moins de 2 milliards de dinars dès sa mise sous séquestre judiciaire qui durera plus de cinq années. La presse s'est même faite l'écho de nombreux vols et dégradations de matériel ainsi que diverses autres malversations commises tout au long de cette période. Si la nationalisation du complexe Tonic peut être perçue comme une tentative de sauvetage de cet outil de production capable d'offrir jusqu'à 10 000 emplois, il reste à savoir si les dirigeants placés à la tête de la nouvelle entreprise publique Tonic Industrie sauront trouver la stratégie et les compétences managériales nécessaires pour renouer avec les performances productives réalisées du temps où elle était une entreprise privée.