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Fin de la grève des cheminots
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Il a fallu cinq jours de grève, qui a paralysé l'ensemble du trafic ferroviaire, et des milliers de voyageurs abandonnés sur les quais des gares, pour qu'enfin la direction générale de la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) et la Fédération nationale des cheminots décident d'entamer des négociations, qui ont débuté hier matin.
C'est au siège de l'entreprise que le directeur général, Mourad Benameur, et les représentants des travailleurs se sont retrouvés pour mettre fin au conflit et trouver une solution à la principale revendication des travailleurs : l'octroi des rappels sur les échelons calculés à partir de septembre 2009. En fin d'après-midi, la direction générale a répondu favorablement à cette revendication suite au feu vert du conseil d'administration. Le protocole d'accord signé entre les deux parties prévoit le règlement sur deux mois (novembre et décembre) de la totalité des rappels des travailleurs. En fin de soirée, les deux parties annonçaient la fin de la grève et la reprise du travail.
Les ampoules de la gare d'Alger n'aiment pas la pluie
C'est à la gare d'Alger vide et incroyablement calme, mercredi matin, que nous avons rencontré Sara, Mohamed, Kamel, Salim et une dizaine d'autres cheminots en grève depuis trois jours. Ce qu'ils réclament ? Un rappel de salaires de seize mois. Mais ils insistent : «Nous avons une seule et unique revendication.» Même si ce ne sont pas les aléas qui manquent dans les gares. Cela commence au guichet, Kamel en sait quelque chose. «Je suis agent de guichet aux chemins de fer depuis trente-six ans et mon salaire de base ne dépasse pas les 23 000 DA. En travaillant à la gare, nous devenons des automates : arriver quotidiennement à la même heure, répéter inlassablement les même gestes et faire toujours les mêmes tâches avec les soucis.» Pour ce salaire, les guichetiers doivent gérer les voyageurs mécontents.
Sara, agent de guichet, elle aussi, évoque : «Derrière notre guichet, nous avons droit tous les jours aux insultes, certains usagers en sont arrivés à casser nos vitres.» Pour le rythme de travail, c'est le système des trois-huit qui prime aux chemins de fer, ce qui signifie pour la plupart des travailleurs se lever tôt et être dehors à 5h du matin. Sara nous raconte : «Il n'y a pas de transport pour nous. Il y a quelque temps, j'ai échappé de justesse à une agression à deux pas de l'entrée de la gare. Ca devient réellement un métier à risques.» Les agents de sécurité ont donc eux aussi du pain sur la planche. Mohamed, du service sécurité, nous éclaire sur ses conditions de travail. «Gérer la sécurité d'une gare n'est pas une mince affaire, il faut calmer les voyageurs énervés et éviter que ça ne tourne au drame à chaque instant. C'est très éprouvant, mais nous aimons notre travail et nous avons conscience de son importance. Lors de la décennie noire, nous n'avons pas cessé de travailler et de nous déplacer malgré les risques encourus.»
Les cheminots doivent aussi faire face à d'autres désagréments d'ordre pratique. Salim, chef de train, en témoigne : «Dès qu'il y a une seule goutte de pluie, plus aucune lampe ne fonctionne dans toute la gare, et à chaque coupure d'électricité nous nous retrouvons avec un seul guichet en activité.» Ces soucis quotidiens lassent les travailleurs et si leur grève perdure, c'est essentiellement dans le but de recevoir un rappel qu'on leur promet depuis des mois. Au bout de deux jours de grève, des employés se sont vus suspendus pour absentéisme. C'est en évoquant ces menaces de sanction à l'encontre des cheminots en grève que Salim conclut : «Travailler aux chemins de fer, c'est déjà être dans une grande prison, la petite cellule ne me fait pas peur.»
A l'est, 52 gares paralysées
Cinquante-deux gares dépendant de la direction régionale Est de la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF), dont le siège est à Annaba, sont bloquées depuis le début du mouvement de grève générale et illimitée déclenché par les cheminots. En effet, ils sont quelque 200 conducteurs de locomotive dépendant de la direction régionale Est (SNTF) Annaba à répondre à l'appel de grève générale lancé depuis dimanche par la centrale syndicale à Alger pour réclamer le rappel de 5% d'augmentation de salaires décidée en septembre 2009. Conséquence : paralysie totale du trafic ferroviaire de Annaba à Djebel Onk en passant par cinq wilayas.
Au même titre que leurs collègues au niveau national, les conducteurs de locomotive de l'Est comptent radicaliser leur mouvement si leurs revendications ne sont pas satisfaites. La SNTF de l'Est a connu une perturbation générale en matière de transport perceptible dans l'acheminement du minerai, du carburant et des voyageurs où les 52 gares ont été paralysées. En effet, le train de carburant, avec ses 14 citernes, approvisionne la wilaya de Annaba via la commune de Berrahal. Les wilayas de Souk Ahras et de Tébessa sont également alimentées par ce même train par 65 m3 de carburant/jour.
ArcelorMittal El Hadjar est aussi approvisionné par cette voie depuis les deux sites miniers de l'Ouenza et Boukhara (Tébessa), à savoir quatre trains de 6000 tonnes/jour. Pour faire face à cette incommodité, elle a décidé de renforcer sa flotte de transport routier. Situation similaire pour les 4500 t de phosphate acheminées à partir des gisements de Djebel Onk vers le port de Annaba avant d'être chargés sur les bateaux et exportés à l'étranger.
La société Rail Express à Blida perd 1 million de dinars/jour
«La SNTFqui prétend être touchée par une crise financière, en n'ayant pas les moyens financiers pour satisfaire les revendications des cheminots grévistes, doit s'occuper de sa gestion interne qui laisse à désirer au lieu de nous traiter de hors-la-loi. Nous, les cheminots, nous ne sommes pas responsables de la faillite de cette entreprise. C'est la gestion catastrophique de ses gestionnaires qui en est la cause», déclarent des employés de la SNTF à Blida. Comme argument, ils citent l'exemple du patrimoine délaissé. Des rails, non exploités depuis plusieurs décennies, et non exploitables pour l'avenir, sont carrément abandonnés alors qu'ils pourraient être vendus localement, ou exportés comme ferraille pour plusieurs milliards. Entre Blida et Djelfa, il y a par exemple plus de 300 km de rail abandonnés. Le même constat peut être fait dans plusieurs autres régions du pays. De quoi faire renflouer les caisses de la SNTF.
«Ils peuvent facilement satisfaire nos revendications s'ils veulent vraiment travailler. La solution est dans leur camp», insistent-ils. De leur côté, des responsables de la SNTF parlent de lourds préjudices causés à la société depuis le début de la grève. La gare de Blida qui accueille plus de 6000 voyageurs/jour perd quotidiennement, et à elle seule, jusqu'à 200 000 DA. La société Rail Express, une filiale 100% de la SNTF (transport de marchandises) et dont le siège est à Blida, perd en moyenne 1 million de dinars/ jour. Ainsi, le transport des engrais et du ciment, entre autres, demeure pénalisé. Enfin, les voyageurs, qui sont d'ailleurs les plus touchés par le mouvement de grève, trouvent toutes les peines du monde à rejoindre leur travail. Il n'y a pas assez de bus pour contenir tout le monde et la circulation routière manque de fluidité. El Affroun-Alger (70 km) se fait en une heure par train, alors que pour la même distance, le voyageur risque de dépasser les trois heures par route.
A Boumerdès, les voyageurs pris en otages
A la gare ferroviaire de Boumerdès, hier, point de voyageur ni même de train. L'animation et le brouhaha qui caractérisaient les lieux ont laissé place au calme. L'entrée de la gare a été fermée à l'aide de barricades de fer. Un quadragénaire feuilletant son journal à l'intérieur des guichets de vente de tickets nous apprend qu'aucun train n'a circulé depuis le début de la grève. Aucun autre fonctionnaire de la SNTF n'est présent sur les lieux. La grève aurait réussi à 100%. Mais elle a pénalisé tout le monde. Apostrophé, un citoyen exerçant à Rouiba parle d'une cinquantaine de départs effectués journellement entre Thénia-Alger. Le train passe presque toutes les 20 minutes. Cela, en plus de ceux qui assurent le transport entre la capitale et certaines wilayas de l'est du pays.
Les habitués du rail ont été obligés de se rabattre sur les transporteurs privés pour rejoindre leur destination. Mais ce sont surtout les voyageurs des localités urbaines entre Tizi Ouzou et Alger qui sont pénalisés. Leur calvaire a été aggravé par le manque de transports et les embouteillages qui se forment au niveau des barrages de contrôle dressés sur la RN 12 et la RN 5. A cela s'ajoutent l'anarchie et le diktat des transporteurs, notamment ceux assurant la desserte Boumerdès-Bordj Menaïel, qui déposent les voyageurs parfois à Thénia pour éviter les bouchons de l'entrée de la ville de l'ex-Rocher noir. Mais le malheur des uns fait le bonheur des transporteurs et des chauffeurs de taxi.
Toufik, 44 ans, et quelques dinars
Toufik a passé la moitié de ses 44 ans à atteler des wagons. A côtoyer le danger aussi. C'est l'un des rares cheminots de Skikda à avoir accepté de parler de sa vie. «Elle n'est pas trop différente de celle de mes collègues. J'ai trois gosses et ce n'est pas avec un salaire de 30 000 DA après 22 années d'expérience que j'arriverais à les nourrir. C'est impossible ! Entre les besoins des enfants, scolarisés tous les trois, et les autres dépenses quotidiennes, je me retrouve à chaque fois obligé d'emprunter de l'argent ou d'acheter à crédit pour boucler les fins de mois. Je dois encore payer mon transport, ma bouffe… On nous donne une prime de panier de 200 DA alors qu'un simple plat de loubia sans viande est à 250 DA.»
Toufik occupe un poste de manœuvre, d'homme d'équipe. Il fait et défait les trains. C'est le travail le plus pénible, le plus dangereux et le moins rémunéré. «Chaque jour, j'ai au moins trois trains de carburant à atteler. Quand on forme un convoi de 30 à 50 wagons-citernes pleins, on n'a pas le droit à l'erreur. En plus, on doit répéter le même geste une centaine de fois par jour pour raccorder le boyau d'air de chaque wagon. Un faux geste risque de couper un homme en deux, tellement la pression des boyaux est forte. On m'a dit qu'elle est de 5 kilobars. La moindre déconcentration risque de m'être fatale. Je le sais et je vis avec cette peur. Plusieurs fois, j'ai failli laisser ma vie sur les rails et je vis encore avec les visions horribles des accidents dont quatre de mes collègues ont été victimes. J'ai vu l'un d'eux se faire évacuer sur une civière laissant ses deux jambes sur les rails ! Avec tous ces risques, on ne nous accorde même pas une prime de pénibilité !»
A Tizi Ouzou, aux conditions difficiles s'ajoute l'insécurité
Le débrayage des cheminots a continué de paralyser hier le trafic ferroviaire dans la wilaya de Tizi Ouzou. A la station de Oued Aïssi tout comme celles de Bouhinoun et du Boulevard Stiti, dans la ville des Genêts, les quais étaient vides, à l'exception des travailleurs de la SNTF qui observaient leur piquet de grève. «On travaille dans des conditions difficiles avec des salaires misérables. On a aussi un manque d'effectif. Notre revendication principale est le versement des rappels à compter de la date d'application de la nouvelle grille des salaires», explique un syndicaliste, qui évoque également le problème d'insécurité aussi bien dans le train qu'au niveau des gares.
«Sur la ligne Tizi Ouzou-Thénia, le problème d'insécurité est énorme. Parfois, il n'y a même pas de contrôleurs à l'intérieur du train», ajoute notre interlocuteur qui précise : «Au niveau de la station de Bouhinoun, on assiste à une grande confusion, puisque cette station conçue initialement pour le train seulement a été transformée aussi en gare routière alors qu'elle n'a pas les commodités nécessaires pour y faire face.» La galère des travailleurs de la SNTF ne se limite pas à ce stade, puisque de nombreux pères de famille exerçant au niveau des différentes stations de la commune de Tizi Ouzou évoluent dans des conditions difficiles, à l'image de Hocine, 56 ans, et habitant la daïra des Ouacifs, à 45 km de Tizi Ouzou. «On est en train de vivre dans une misère noire. Le salaire n'est jamais versé à temps. Je fais quotidiennement la navette Ouacifs-Tizi Ouzou, depuis 1975, et je continue de subir toujours le même calvaire. De nombreux collègues sont dans la même situation», ajoute ce père de dix enfants.
Notons que le train de Tizi Ouzou est souvent boudé par les voyageurs. «Je préfère prendre le bus malgré les embouteillages sur la route que de prendre le train où les conditions de voyage laissent à désirer. Il y a, d'abord, le problème d'insécurité. Dès que le train arrive généralement du côté de Bordj Menaïel, il est souvent attaqué avec des jets de pierres», nous explique un citoyen, trouvé hier au milieu de la journée à la gare de Bouhinoun. Pour rappel, le trafic ferroviaire Tizi-Alger avait été suspendu entre 1996 et 2009.


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