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Hubert Robert. le Louvre en ruine
Un tableau imaginaire et réaliste
Publié dans El Watan le 19 - 01 - 2006

La peinture a été pour moi, je l'avoue, depuis ma plus tendre jeunesse, d'un tel attrait que je lui consacrais mes économies ou mes gains, fruits contestables, je l'avoue, de mes paris sur les parties de football d'équipes de quartiers se livrant à des compétitions auxquelles je prenais part.
Mais cet instinct artistique, plus tard émoussé par une vie cloîtrée dans un sinistre internat de lycée, devait éclore de nouveau avec mon expatriation académique qui avait fait de moi un fidèle visiteur du musée parisien du Louvre dans les années 1970. Je me souviens d'un tableau qui avait retenu toute mon attention et m'avait interpellé : La vue imaginaire de la Grande Galerie du Louvre en ruines du peintre Hubert Robert (1733-1808). Ce tableau imaginaire, et pourtant combien réaliste, qui donne bien à voir la Grande Galerie moult fois visitée et parcourue, avec un coin du ciel visible par une trouée de plafond effondré, m'a longtemps intrigué. Pourquoi diable avoir imaginé la ruine d'un musée ? Pourquoi le Louvre parisien ? Que symbolisait cette peinture à l'époque ? Puis le temps s'écoula et je ne revins plus revoir ce tableau énigmatique depuis mon retour au pays jusqu'au jour, où ouvrant un manuel de classe de première scientifique de lycée français, je tombe de nouveau sur une reprographie de ce même tableau. Est-ce un rappel de la destinée, idée si chère à la culture du siècle des Lumières, ou est-ce un rappel à l'ordre d'une mémoire vigile ? De cette galerie fixée en ruine, émergent des colonnades, des statues grecques, dont celle d'Apollon au premier plan à gauche et plus lointaine se découpant en une silhouette macabre et tristement sombre celle d'Athéna, la déesse hellène de la guerre. Sur le flanc droit de la Galerie, un fond du reste plongé dans l'ombre et les ténèbres s'incrustent la couleur vive des colonnades et la lumière éclatante du soleil dardant les murs et les niches de ses rayons. De la sorte, ce qui paraissait sinistre de ce tableau à première vue, s'avère un souffle d'espérance. La dichotomie expositive des deux flancs de la Galerie traversée de part en part par une trouée de ciel avec des traînes blanchâtres de cumulus et des taches de ciel d'un bleu albâtre ne manque pas de laisser une forte impression de contraste symbolique qui inspire, pour peu qu'on y attarde le coup d'œil et que l'on scrute les détails noyés dans la luminosité aveuglante de la partie gauche de la galerie ou fondus dans l'obscurité appuyée de la partie droite. La lumière et l'obscurité se faisant face se disputent le souffle de vie qui tente de percer derrière la symbolique destructrice imposée par la première impression de lecture du tableau. Mais, Apollon lumineux, dieu des arts et de la musique, inspirateur antique des savoirs, propagateur des connaissances et des saines curiosités trônant au premier plan du tableau et reléguant la terrible déesse de la guerre, voilà une belle allégorie moderne pour dénoncer la folie meurtrière des hommes et l'insensé instinct destructeur qui les préoccupe et les obnubile. En face de ce tableau si suggestif, les éditeurs du manuel ont cru utile pour la pédagogie scolaire d'insérer un texte quelque peu nostalgique et contrit du plus grand des philosophes libertaires et le plus incisif des intellectuels anticolonialistes que le siècle des Lumières aura connus : Denis Diderot. Je me suis fait l'obligation de lire ce texte tiré des salons (critique artistique de la peinture publiée par Denis le Langrois avec une espèce de commentaire de ce tableau sur la Grande Galerie du Louvre en ruine, voir Denis Diderot, œuvres esthétiques, in œuvres complètes, La Pléiade Gallimard, Paris). Pour une fois le discours de Diderot m'aura laissé sur ma faim et m'aura même quelque peu contrarié et franchement déçu. L'esthète a sombré dans la mélancolie des philosophes bilieux (Jean Jacques Rousseau et Voltaire), lui d'habitude si alerte et si incisif quand il s'agit d'exciter l'esprit humain et de le réveiller de sa léthargie et l'inciter ouvertement à la révolte. Dans le texte consacré à ce tableau dans les salons, Diderot se livre à une spéculation quelque peu métaphysique sur le temps qui passe, mais qui dure l'éternité et qui lui fait prendre conscience de son éphémérité, lui devenu pourtant aujourd'hui immortel et plus souvent présent dans la mémoire collective non seulement française mais universelle, la mémoire de ceux qui veulent vivre la tête haute dans la dignité et le respect. La prise de conscience du temps qui passe, c'est aussi quelque part la prise de conscience que le monde est éternel mais que seuls les êtres vivants, les animaux doués ou non de raison sont condamnés à l'anéantissement, hormis les gens d'esprit, de cœur et de don de soi. Cela permet peut-être de dater cette œuvre qui serait de la période de vieillesse du philosophe, mort peu avant la Révolution de 1789, et qui la situerait sans doute entre 1760 et 1780. Le turbulent esprit libertaire, en lisant et en commentant ce tableau des ruines aura sombré dans une espèce de mélancolie qu'on ne lui connaissait pas, lui d'habitude si alerte et si truculent jusqu'à l'insolence. Et il l'aura prouvé dans sa seconde satire consacrée à l'inénarrable Rameau, le neveu du célèbre compositeur de musique (un texte à lire absolument pour les esprits chagrins qui souhaitent un coup de sang ou de folie pour secouer la morne existence et le spleen). Ce tableau, particulièrement suggestif, fait mûrement réfléchir à cette vanité de certaines sociétés et certaines castes qui cultivent plus la civilisation des musées, lieux de mort de cérémonie, de souvenir, ces musées qui ne sont en fait qu'une variété de cimetières des productions humaines et qui témoignent pour les générations futures des grandeurs passées, souvent à jamais révolues incrustant dans les mémoires des blessures indélébiles et des douleurs imprescriptibles. C'est peut-être cela qui a inspiré Diderot, qui n'a pas ou n'a pas voulu voir dans ce tableau de Hubert Robert, une parabole pré ou post révolutionnaire, immortalité d'une humanité en marche, toujours à l'assaut de ses droits et de ses attentes émancipatrices. On ne peut ne pas retenir l'opposition flagrante dans ce tableau entre le piédestal, la place de faveur accordée à la Lumière (Apollon) et la relégation à laquelle le peintre a condamné la guerre et son symbole, ici, féminin.

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