L'instruction du ministère de l'Agriculture, qui stipule que tout acheminement de bétail (pour cette occasion) doit avoir «le quitus» des services de la Gendarmerie nationale, n'est pas respectée. Alger est en train de devenir un grand marché de moutons à ciel ouvert. Les ovins sont présents dans plusieurs quartiers et créent une certaine ambiance chez les citadins. Bien que les prix donnent le tournis aux pères de famille, les enfants, eux, passent leur temps à dévorer du regard les moutons et attendent avec impatience le jour de l'Aïd. Au-delà de ce scénario, force est de relever que les autorités de la wilaya d'Alger affichent, cette année, une certaine indulgence quant à la traditionnelle interdiction de l'introduction du bétail en ville. Pourtant, une instruction du ministère de l'Agriculture stipule que tout acheminement de bétail (pour cette occasion) doit avoir «le quitus» des services de la Gendarmerie nationale. Les années précédentes, des instructions signées par le wali ont été émises afin de réguler cette activité et éviter l'anarchie et la saleté que la présence des moutons occasionne sur la voie publique. Ainsi, on peut constater qu'à La Casbah et à Bab El Oued, les vendeurs ont d'ores et déjà débarqué avec leurs moutons en toute quiétude. Les transactions, bien que minimes pour l'instant, se font d'une manière ordinaire. On signale notamment des troupeaux à la Basse Casbah et Bab Jedid, où des locaux ont été transformés en étables. C'est le cas dans la majorité des communes d'Alger où l'arrivée des moutons en pleine ville n'est qu'une question de temps. A la cité des 720 Logements, dans la commune de Gué de Constantine, plusieurs vendeurs ont, depuis quelques jours, étalé «leur marchandise». Des locaux ont été aménagés à cet effet à El Biar, sur les hauteurs d'Alger, ainsi qu'à Aïn Benian. Dergana, Douéra, El Harrach, Bab Ezzouar et la Glacière. On croit savoir que la plupart des vendeurs sont aussi des éleveurs venus des wilayas de l'intérieur, profitant de l'approche de l'Aïd pour écouler leur cheptel. Des citoyens ont relevé, à juste titre, une certaine différence dans les prix appliqués par les uns et les autres. «Les petits revendeurs vendent plus cher, contrairement aux grands éleveurs venus de l'intérieur du pays», a indiqué un citoyen rencontré à Douéra. Il soutient, toutefois, que les prix restent inabordables pour la majorité des travailleurs, notamment les petites bourses. «Le mouton le moins cher est à 20 000 DA, mais il est vraiment petit !», soutient-il. Pour prétendre acheter un mouton moyen «il faut débourser plus de 35 000 DA», dira un homme d'un certain âge. Compte tenu de ces prix, plusieurs familles ont préféré acheter leur «sacrifice» au bled où les prix sont relativement moins chers. «J'ai acheté un mouton chez mon cousin à Béjaïa, il est propre et bien engraissé», indique un autre citoyen, ajoutant qu'il a pour avantage de ne «récupérer son mouton qu'à la veille de l'Aïd». A signaler que des jeunes désœuvrés ne laissent pas passer cette occasion sans en tirer quelques bénéfices.Ainsi, a-t-on remarqué le retour en force des vendeurs de foin. Outre les communes à vocation rurale, l'on trouve du fourrage dans les grands marchés anarchiques de la ville et dans plusieurs quartiers résidentiels. Des activités qui reviennent chaque année et contre lesquelles les autorités publiques restent désarmées.