Même si la presse – en particulier occidentale – n'en parle pas beaucoup, la contestation antirégime au Maroc est loin de s'être estompée. De nombreuses voix doutent, en effet, de la volonté du royaume d'instaurer une véritable démocratie dans le pays. Pour justifier leurs doutes, les contestataires insistent sur le fait que les réformes annoncées n'ont fait l'objet d'aucune discussion par la population et que celles-ci ont juste pour objectif de ravaler la façade du régime marocain. Un régime qui reste fondamentalement «autoritaire» et «moyenâgeux» dans son fonctionnement. Partant de ce constat, le Mouvement du 20 février, fer de la lance de la contestation, a appelé, hier, au boycott des législatives qui sont prévues pour le 25 novembre prochain. Pour les animateurs de ce mouvement, «ces élections ne visent qu'à renforcer l'aspect ‘‘despotique'' du pouvoir dans le pays et à ‘‘étouffer'' la colère du peuple». Tout en affirmant que le peuple marocain a exprimé à travers ses manifestations pacifiques son rejet de la «Constitution octroyée», ils précisent, dans un communiqué rendu public hier, que «la quasi-totalité des coordinations du Mouvement du 20 février à l'intérieur du Maroc à d'ores et déjà appelé notre peuple à boycotter ces élections». Et de rappeler que ce positionnement politique «traduit la volonté de notre mouvement de rompre totalement et définitivement avec les tromperies du régime despotique qui n'ont que trop duré». Tout en continuant à revendiquer de «réels changements démocratiques» pour les Marocains, les animateurs du Mouvement du 20 février, installés par exemple à Paris, ont appelé les compatriotes de l'étranger à «se mobiliser contre la mascarade en cours pour diverses considérations politiques». A leurs yeux, ces élections ne sont qu'une «déclinaison d'une Constitution absolutiste octroyée et qui n'exprime aucunement la volonté du peuple marocain», et sont basées sur un découpage et des listes électorales «faussés». Il est à mentionner que le Mouvement du 20 février est le quatrième courant politique au Maroc à appeler au boycott des élections législatives du 25 novembre après Ennahdj Edimocrati (voie démocratique-extrême gauche), le Parti de l'avant-garde démocratique et sociale (Pads-Gauche), El ad loue El Ihsane (Parti islamiste non reconnu, mais toléré) et le Parti socialiste unifié (PSU). Les partis marocains s'organisent en alliances politiques Dans la perspective justement de ces élections, l'on apprend qu'une nouvelle alliance politique composée de quatre partis a été formée. Baptisée Alliance nationale indépendante (ANI), cette coalition regroupe le Parti du centre social (PCS), le Parti démocratique national (PDN), le Parti de la liberté et de la justice sociale (PLJS) et le Parti de la réforme et du développement (PRD). Se positionnant au centre, cette nouvelle coalition ambitionne de «faire entendre sa voix et de s'exprimer sur la scène politique», ont souligné des dirigeants signataires de cette alliance. Ils ont affirmé qu'avec cette nouvelle coalition qui repose sur le «principe d'égalité entre les partis membres», ils entendent accomplir leur mission aux côtés d'autres formations politiques marocaines ajoutant qu'ils «ne présenteront pas de programmes ni de candidats communs» lors des prochaines législatives. Affirmant que cette alliance n'est pas «occasionnelle» et qu'elle se maintiendra après les législatives, ils ont fait savoir qu'ils coordonneront leurs actions, lors des prochaines échéances, pour soutenir les candidats des partis membres. C'est la troisième coalition de partis politiques à être formée dans la perspective des législatives de fin novembre prochain en plus de la «Koutla» historique qui remonte aux années 1970 et qui est majoritaire dans l'actuel gouvernement. A la fin octobre, une coalition dénommée l'Alliance des partis du centre, regroupant le Mouvement démocratique et social (MDS), le Parti Al Ahd Addimocrati et le Parti du renouveau et de l'équité, avait été créée dans l'optique des législatives. Elle est basée sur «l'appartenance de ces trois partis à la même famille politique, d'où la ressemblance de leurs convictions et orientations politiques et l'harmonie de leurs programmes et objectifs». Par ailleurs, au début du mois d'octobre, huit formations marocaines «hétéroclites», dont deux partis membres de la coalition gouvernementale et cinq siégeant à la Chambre des députés avaient annoncé la création d'une nouvelle coalition politique baptisée Coalition pour la démocratie».