L'insuffisance de réseaux d'assainissement dans plusieurs quartiers de la ville et la présence d'obstacles aux écoulements risquent d'aboutir à une véritable catastrophe, si rien n'est fait pour y remédier. «Il n'est de pire eau que celle qui dort», dit l'adage. La formule sied à merveille aux cinq oueds qui traversent la capitale des Bibans, construite sur le lit naturel de ces oueds. En cas de pluies, les débordements sont inévitables. Dans la situation actuelle, le niveau de protection de la cité est faible. Et pour cause, l'absence de réseau d'assainissement fiable et l'insuffisance des collecteurs principaux présagent un scénario de catastrophe. La plus grande menace est que les lits naturels de ces oueds transitent par la zone urbaine de Bordj Bou Arréridj. En cas de fortes pluies, les inondations dans le centre-ville sont inévitables à cause de la faiblesse de la capacité du collecteur ; les Bordjiens les ont vécues plusieurs fois et la ville revivra certainement le cauchemar. Les fortes précipitations restent l'ennemie numéro un de la région. «Tous les bassins versants de l'agglomération sont soumis à des risques d'inondation, dus à différents facteurs: réseaux d'assainissement insuffisants ou inexistants, présence d'obstacles aux écoulements, zones basses en aval, développement incontrôlé de l'urbanisation entraînant un accroissement des débits de ruissellement», affirment des Bordjiens. Effarant ! Mais théoriquement probable, comme ce fut le cas en 1994. À voir le mince filet d'eau qui court dans leurs lits, aujourd'hui, rien ne présage ce qui pourrait advenir des quartiers en cas de crue. Les cinq oueds qui traversent Bordj Bou Arréridj ont, en effet, frappé, dans la nuit du 23 au 24 septembre 1994, entre 17h et 3h. Les eaux avaient inondé plusieurs habitations, le CPFA de Lagraphe, la salle de sport, l'école primaire, la crèche, le souk, l'ancien siège de l'exécutif et, bien entendu, les quartiers avoisinants. À cette date de triste mémoire, ces inondations se sont soldées par un bilan de 17 morts et plus de 1 000 sinistrés, dont 370 commerçants ruinés. Les pertes ont été évaluées à 250 millions de dinars. Depuis cette époque, plusieurs voix se sont élevées et n'ont cessé de souligner l'urgence de trouver des déviations pour ces oueds, vu que leurs parcours naturels ont progressivement disparu avec l'urbanisation, mais rien n'aurait cependant été entrepris. Dix-sept ans plus tard, la catastrophe est toujours menaçante. La prévention négligée La prévention semble négligée au profit de la seule réponse aux situations d'urgence. Les spécialistes parlent de nombreuses failles : manque d'informations cartographiques et de bases de données géographiques, absence de compétences locales dans le domaine de la gestion des risques naturels, carences sur le plan réglementaire, incohérences entre ministères et établissements publics à compétence technique sectorielle, désorganisation de la chaîne d'information. Plusieurs agglomérations de la wilaya sont, elles aussi, confrontées à ces risques d'inondation. La région compte pas moins de 22 oueds à risques. Oued Arréridj, Oued Boumergued, Oued Meredj, Oued Lachbour, Oued Lakhdar, Oued Biyata, Oued El Achir et Oued El K'Soub sud, alimentent le grand Oued El Hodna dans la wilaya de M'Sila. Oued Mansourah, Oud Mahdjar, oued Karkar et oued Chartioua versent tous dans l'oued Soummam à Béjaïa. Du côté est de la wilaya, tous les oueds, dont celui de Aïn Taghrout, se rencontrent à Aïn Zada. Selon une source de la direction de l'hydraulique, un schéma directeur de protection contre les inondations a été élaboré, et concerne plusieurs villes, villages et habitations à travers les zones à risque telles que la commune de Ras El Oued, à laquelle une enveloppe de 300 milliond de dinars a été allouée pour l'aménagement de l'oued Boudjeri, à l'ouest de la commune. Une autre enveloppe de pas moins de 250 millions de dinars a été attribuée aux municipalités de Khellil, Bir Kassed Ali, El Achir et El Euch. Concernant les projets en cours de réalisation, notre source indique que le taux des travaux dans les deux oueds traversant El M'Hir (oued Echaebba et oued El M'Hir) dépassent les 60%, et l'opération a démarré en 2010. Pour le plan quinquennal, plusieurs interventions sur les oueds de la région sont programmées.