L'Algérie est dépourvue d'un système pour détecter toute opération financière douteuse. La loi sur la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, adoptée en février 2005, prévoyait des dispositions répressives contre l'enrichissement illicite. « Le gouvernement algérien a indiqué qu'il y a une instruction qui doit être bientôt publiée, qui sera en quelque sorte la dernière pièce de besogne pour que le système algérien soit opérationnel », a déclaré, hier, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, à l'émission « L'invité de la rédaction », Jean-Pierre Michau, président du groupe Afrique, Afrique du Nord et Moyen-Orient du Groupe d'action financière internationale (Gafi). Mais ce texte, qui permet de demander aux personnes de justifier les fortunes suspectées d'être mal acquises, est renvoyé au calendes grecques. « Il faut que les dispositions de la loi qu'a adoptée l'Algérie vivent ce qui va être permis par l'instruction qui doit être publiée rapidement », a déclaré M. Michau. L'Algérie, pour laquelle Jean-Pierre Michau dit « imaginer mal qu'elle n'ait était la cible ou la victime d'un certain nombre de comportements », a été classée à la 88e position des pays susceptibles de faire du blanchiment d'argent. Le constat dans le monde est effarant. « Les gens estimaient la masse financière dont disposaient les trafiquants de stupéfiants vers la fin des années 1980 à 600 milliards de dollars/an. Cette somme est estimée aujourd'hui à l'ordre de 1500 milliards de dollars/an », a-t-il relevé. Il a estimé qu'il y a deux éléments pour que les systèmes de lutte contre le blanchiment fonctionne bien : la volonté politique et la mise en place d'un système législatif. M. Michau, qui est aussi conseiller du gouverneur de la Banque de France, évoque un problème d'organisation pour ce qui est de la sécurisation des établissements bancaires. « Il faut que les personnels concernés soient sensibilisés à ce problème », a-t-il dit, en énumérant des mécanismes d'alerte que les banques doivent mettre en place. Il s'agit de mettre en place un système qui permet de connaître la clientèle. Les banques et les établissements financiers doivent conserver les documents pour détecter les opérations qui donnent un soupçon, faute de justifications économiques. Selon lui, les établissements financiers doivent saisir et fassent une déclaration à l'unité de renseignement financier. S'agissant des instruments de contrôle, l'orateur met l'accent sur la nécessité de développer la formation du personnel et la sensibilisation à la fois des établissements et de leurs clients, en mettant en exergue aussi le rôle essentiel de la commission bancaire. Les inspections qui sont faites doivent également, selon lui, porter sur ce segment particulier, qui est de savoir si l'établissement a une structure en place qui lui permette de détecter des opérations anormales. Des opérations qu'on peut détecter, selon lui, soit au cours d'enquêtes de routine ou au cours des enquêtes qui n'ont pour objectifs que d'examiner le système de blanchiment d'un établissement. Comment conserver la confidentialité bancaire tout en menant des investigations ? Pour M. Michau, le principe du secret bancaire est un principe absolu. Il existe, en revanche, des exceptions, par exemple, au profit de la commission bancaire lorsque celle-ci fait des enquêtes pénales.