Il n'y a jamais de fumée sans feu : le feuilleton du départ du PDG de Sonatrach, Nordine Cherouati, présenté dans l'entourage du premier responsable de l'entreprise comme une simple rumeur, a connu son épilogue jeudi. Une dépêche laconique de l'agence officielle Algérie presse service (APS) a mis fin à ce faux suspense que l'ancien PDG de Sonatrach s'est évertué à entretenir jusqu'à la dernière minute, en improvisant la veille de son limogeage un point de presse avec les journalistes, en marge d'une cérémonie de renouvellement des instances syndicales de l'entreprise, pour démentir de la manière la plus solennelle sa mise au placard. Et c'est en commandant du navire Sonatrach toujours maître du gouvernail qu'il s'était présenté devant la presse pour balayer d'un revers de la main les rumeurs imputées à des parties qu'il ne nomme pas, bien évidemment, lesquelles seraient inquiètes, selon lui, pour leurs intérêts à la suite du programme de redressement mis en œuvre sous sa direction. Mais voilà, le couperet est tombé avec fracas sur la tête de M. Cherouati en dépit de sa plaidoirie de bonne gouvernance devant les journalistes. L'ancien PDG de Sonatrach auquel a succédé un autre cadre dirigeant de la même boîte, M. Zerguine, savait-il que ses jours (heures ?) étaient comptés et a-t-il feint le contraire devant les journalistes juste pour prendre à témoin l'opinion nationale et convaincre que son éviction a moins à voir avec sa gestion qu'avec des intérêts qu'il dérangerait. «Ce ne sont pas des rumeurs innocentes, le travail qui est fait a pu déranger des personnes et des intérêts», avait accusé sèchement l'ancien PDG de la première entreprise algérienne. Des propos qui ne peuvent pas être seulement mis sur le compte du dépit d'un responsable en fin de règne qui cherche à se protéger et à se présenter comme une victime expiatoire d'un système rentier créé autour de l'entreprise Sonatrach, quand on a à l'esprit les graves et retentissants scandales qui ont secoué cette entreprise et dont la justice n'a pas encore fini de démêler l'écheveau. L'information annonçant dans un style sibyllin le limogeage de M. Cherouati et son remplacement par M. Zerguine n'apporte aucun éclairage sur les raisons de sa disgrâce. Cette manière du pouvoir de communiquer par défaut ne fait que donner du crédit aux accusations de M. Cherouati. En tant que gestionnaire, celui-ci a le devoir de dire devant qui de droit tout ce qu'il sait sur ces «individus» et «intérêts» qu'il a dérangés et qui seraient à l'origine de son départ. Et sur cette marée noire qui menacerait l'entreprise. Car à le suivre, en prenant la décision de le limoger, cela signifie que le Président a choisi de prendre le parti de ces milieux prédateurs. En toute connaissance de cause ou sur la base d'un dossier monté de toutes pièces par ses collaborateurs. Cette valse des responsables à la tête de l'entreprise n'est bonne ni pour sa stabilité ni pour son image de marque. Les circonstances floues qui ont présidé au changement de responsables à la tête de Sonatrach ne feront que braquer encore davantage les feux des projecteurs sur cette entreprise.