Presque trente après, l'affaire éclate au grand jour. D'anciens sportifs internationaux, qui ont découvert qu'ils avaient en commun des enfants souffrant de handicap, exigent que lumière soit faite sur ce qui tend à prendre des proportions d'un scandale et d'un dossier brûlant. Les réactions s'enchaînent. Plusieurs médias, y compris étrangers, ont repris l'affaire. Le dopage n'est pas une nouveauté dans le sport de haut niveau comme en témoignent les déclarations faites hier par l'ancien champion français de tennis Yannick Noah qui attribue la réussite du sport espagnol à la «potion magique» et rallie les révélations et le scandale de l'affaire du docteur Fuentes dite Puerto qui a touché le cyclisme, mais aussi d'autres sports comme le football et le tennis en Espagne en 2006. Les déclarations de Noah font scandale et ont amené le nouveau ministre des Sports, l'ancien judoka David Douillet à réagir énergiquement, rejetant de tels propos. Chez nous, ce sont des joueurs de l'Equipe nationale des années 80 qui brisent le silence pour exiger que toute la lumière soit faite sur un dopage fait à leur insu et qui a eu pour conséquence de voir naître des enfants souffrant de divers handicaps. Plusieurs médias se sont relayés ces derniers jours pour remettre cette affaire sur la table après les révélations faites la veille de la coupe du Monde lors d'une tournée d'anciens joueurs au Canada, comme le précise Dernières Nouvelles d'Algérie (DNA), mais surtout le témoignage de Djamel Menad sur la chaîne Nessma. Le quotidien El Watan a donné la parole à Mohamed Chaïb, père de trois filles handicapées qui, lui, a exigé à ce que toute la vérité soit faite sur cette affaire et une réparation au préjudice subit. Sur le journal Le Parisien, Mohamed Kaci Saïd révèle que des médecins russes administraient des pilules aux trois couleurs aux joueurs algériens prétextant qu'ils s'agissaient de vitamines. Il citera même le nom d'un médecin qui accompagnait l'ex-sélectionneur (disparu depuis) Evgueni Rogov, un certain Aleksander Sacha Tabarchouk, un physiologue, qui enseigne toujours à l'âge de 71 ans, qui a été interviewé par nos confrères de dz.foot où il a reconnu avoir donné des vitamines aux joueurs, mais rien que des vitamines. «Je dois vous dire à propos de l'utilisation des vitamines, au début de notre travail j'ai eu beaucoup de problèmes, parce qu'ils n'ont pas voulu les utiliser mais après c'était différent», déclarait-il. Djamel Menad a admis avoir pris des pilules de couleur jaune : «Je me souviens très bien d'un médecin russe qui nous donnait des pilules de couleur jaune que nous prenions à l'époque sans savoir quoi que ce soit. Personnellement, je trouvais leur forme un peu bizarre, mais comme le médecin insistait que c'était de simples vitamines, on les prenait alors sans aucune crainte». De son côté, le docteur Hanifi, ancien médecin de l'équipe nationale aborde dans le même sillage : «Je n'écarte rien. Je dis que les dossiers m'ont été enlevés pour me pousser à démissionner et pour qu'après, ils puissent faire ce qu'ils voulaient. A l'époque, le bloc de l'Est, connu pour ses pratiques comme l'autotransfusion, était très présent dans le sport», accuse-t-il. «Rogov étant décédé, on ne retrouvera probablement jamais le médecin russe en question, quant aux dossiers, ils auraient disparu avec le médecin. «Le hic, c'est que même si on avait les dossiers, on ne pourrait rien prouver. Car si des produits dopants avaient été donnés, cela ne serait pas mentionné», explique le docteur Hanifi. Que faire alors ? Les joueurs demandent à ce que les instances du football et que les pouvoirs publics rouvrent ce dossier et soulagent un tant soit peu la peine de ces pères de famille, au nombre de sept, qui ont perdu déjà des enfants (morts nés) ou qui en souffrent jusqu'à ce jour. Rien que par rapport à ce qu'ils ont donné à l'équipe nationale et à l'Algérie, ils méritent qu'on s'y attarde.