Les Marocains ont boudé les urnes, hier. Selon le ministère de l'Intérieur, le taux de participation n'avait pas dépassé les 34% deux heures avant la fermeture des bureaux de vote. Les Marocains ont voté, hier, avec une participation de 34% en fin d'après-midi, pour désigner une Chambre des députés où, pour la première fois, un parti islamiste modéré pourrait être le mieux représenté. Ces législatives ont été organisées cinq mois après une réforme constitutionnelle voulue par le roi Mohammed VI, censée démocratiser le système politique contesté depuis le début de l'année par un mouvement de jeunes.
Le ministère marocain de l'Intérieur a annoncé que la participation avait été de 34% à 17h GMT, à 2 heures de la fermeture des bureaux de vote. En 2007, pour les dernières consultations, le taux de participation avait été de 37%. Des premières estimations officielles devaient être fournies dans la soirée d'hier et les résultats définitifs de cette élection, où 31 partis politiques sont en lice, seront annoncés aujourd'hui. La formation islamiste modérée, le Parti justice et développement (PJD) d'Abdellah Benkirane, première formation de l'opposition avec 47 députés sur 395, table sur un succès qui devrait lui permettre d'être le premier parti à la chambre. Le PJD suivrait ainsi le chemin ouvert par le parti islamiste tunisien Ennahda, qui a obtenu le meilleur score lors des législatives d'octobre, dans cet autre pays d'Afrique du Nord où a pris naissance le Printemps arabe. Le PJD pourrait supplanter l'Istiqlal (indépendance) de l'actuel Premier ministre Abbas El Fassi. Parti le plus ancien du pays qui a combattu pour l'indépendance, il est bien implanté sur tout le territoire national mais pourrait faire les frais de l'usure du pouvoir. Le PJD devrait également devancer un autre membre de la coalition gouvernementale, le Rassemblement national des indépendants (RNI). Cette formation, jeune et composée notamment de technocrates, est dirigée par Salaheddine Mezouar, ministre de l'Economie, que certains voient diriger le prochain gouvernement issu des urnes. Les Marocains votaient, hier, sans empressement apparent, pour des législatives qui pourraient confirmer la poussée des islamistes modérés. S'inscrivant dans le mouvement du Printemps arabe, cette consultation intervient juste après celle de Tunisie et avant celle d'Egypte, deux pays où l'islam politique a le vent en poupe, à l'instar de la Turquie. Via des spots publicitaires, la télévision marocaine continuait, hier, d'appeler les Marocains à se rendre aux urnes «pour accomplir un devoir national». Mais le pays connaît un taux de chômage très élevé, surtout chez les jeunes, et la grogne sociale y est très importante. Les contestataires du Mouvement du 20 février ont appelé au boycott. 31 partis politiques sont en lice pour cette élection qui intervient cinq mois après une réforme initiée par le roi Mohammed VI et approuvée par référendum en juillet. La nouvelle Constitution prévoit un renforcement des pouvoirs du Parlement et du Premier ministre. En outre, ce dernier sera désormais obligatoirement choisi par le roi au sein du parti arrivé en tête du scrutin. «Le PJD peut prétendre à la première place. Mais même s'il dirige le gouvernement, l'Exécutif se fera autour d'une coalition», explique le juriste Omar Bendourou.