Il ne suffit pas de réaliser de grands ouvrages, mais de les accompagner, dès leur réception, des équipements et infrastructures nécessaires à leur bon fonctionnement. Pendant que l'eau recueillie dans les barrages s'apprête à être pompée en direction des régions Est du pays et des Hauts-Plateaux, l'AEP des différentes agglomérations de la wilaya de Jijel est encore au stade des prévisions. En dépit des infrastructures hydriques d'envergures dont a elle a bénéficié, cette wilaya est loin d'être convenablement alimentée en eau potable. Les habitants de la ville de Jijel se plaignent toujours d'un mode de distribution du précieux liquide très aléatoire, pendant que dans le reste des centres urbains et des localités rurales, l'eau est sans conteste la principale préoccupation de la population. Lors de son dernier déplacement dans cette wilaya, Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, a reconnu l'existence de ces difficultés. Il a rappelé que pour mettre un terme au problème, la ville de Jijel a bénéficié d'une étude pour la rénovation du réseau de distribution. Le ministre a fait le terrible constat de la vétusté et de la défaillance de ce réseau, qui a littéralement explosé sous la pression d'eau lors de la mise en marche partielle, au mois d'aout dernier, de la station de traitement et de pompage de Kissir. Cette station, d'une capacité de 20 millions de mètres cubes, réalisée non loin du barrage éponyme de 68 millions de mètres cubes, est appelée, à sa mise en service définitive, à la fin de l'année en cours, à assurer l'approvisionnement des villes de Jijel et d'El Aouana. Plus à l'est, elle alimentera, à terme, Taher et Sidi Abdelaziz, et en irriguera les plaines. Avant la mise en service de cette station, c'est le barrage d'El Agram qui faisait office de réservoir d'eau de la ville de Jijel. Quant à El Milia, confrontée à un épineux problème d'AEP qui ne trouve pas de solution depuis de longues années, elle attend la mise en place des infrastructures, annexes du Barrage de Boussiaba, pour espérer sortir de cette ornière. Selon les prévisions annoncées, les régions avoisinantes, relevant de l'ancienne daïra de cette agglomération, sont incluses dans les plans de distribution à partir de cet ouvrage d'une capacité de 120 millions de mètres cubes. Ce projet qui accuse un certain retard prévoit d'arroser, en plus de la ville d'El Milia, les localités de Settara, Sidi Marouf et El Ancer, à hauteur de 23 millions de mètres cubes. Cette infrastructure est également destinée au transfert de 57 millions de mètres cubes à la retenue de Béni Haroun, conçue pour être un réservoir hydrique pour six wilayas de l'Est du pays. Toujours est-il que dans le cadre des projets de transfert, un ouvrage gigantesque, d'une capacité de 194 millions de mètres cubes, est en cours de réalisation, à Taballout, dans la commune de Djimla, au sud du chef-lieu de wilaya. Cinquième à l'échelle nationale en terme de capacité, ce projet, baptisé transfert Taballout/Draâ Eddis, servira, à sa réception en 2013, à alimenter, à hauteur de 190 millions de mètres cubes, les Hauts-Plateaux. Ce volume sera transféré au barrage, en construction, de Draâ Eddis, dans la wilaya de Sétif. L'AEP des localités relevant de la commune de Djimla, est prévue pour être assurée par le barrage de Taballout. Un autre ouvrage hydrique, le cinquième du genre dans la wilaya, est programmé sur l'Oued Irdjana, dans la commune d'El Ancer. Abdelmalek Sellal a affirmé que l'étude a été finalisée et les travaux pourraient être lancés en 2013. La mise en service définitif de ces projets d'envergure permettra à Jijel de s'ériger en un pôle hydrique régional. Cela lui confère la possibilité de devenir un réservoir intarissable en eau pour les wilayas de l'Est et des Hauts-Plateaux. Sur le plan local, ces infrastructures permettront d'améliorer l'approvisionnement en eau potable de la quasi-totalité des agglomérations de la wilaya et serviront également à l'irrigation. Cependant, les retards accumulés, dans la mise en place des infrastructures annexes, restent un obstacle à ces prévisions, puisque les échéances sont de plus en plus repoussées et le calvaire des populations ne fait que s'éterniser.