Interpellé chez lui à El Bayadh, samedi, notre confrère a été emprisonné, depuis avant-hier, à la prison de Aïn Sefra dans la wilaya de Naâma. Dans un état de santé détérioré, le journaliste poursuit, pour la deuxième journée consécutive, une grève de la faim. Consternés par ce harcèlement judiciaire contre les journalistes, la direction d'El Khabar, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) et le Syndicat national des journalistes (SNJ) condamnent cette arrestation et demandent la libération de Bachir Larabi. Selon la direction d'El Khabar, le journaliste a fait l'objet d'un mandat d'amener, suite à une condamnation par défaut à un mois de prison ferme, prononcé contre lui par le tribunal de Naâma, le 29 septembre 2005. L'incarcération du correspondant est liée à une affaire remontant à 2004. « Il est accusé de diffamation suite à une plainte déposée contre lui par l'association El Farah. Une association qui n'a pas été agréée. Le journaliste a évoqué dans son article paru dans notre journal, en se basant sur des documents, l'affaire de l'octroi par la wilaya de Naâma d'un lôt de terrain à cette association non agréée. La wilaya s'est constituée partie civile lors du procès », nous a expliqué la direction d'El Khabar. Cette dernière a précisé que les documents sur lesquels s'est basé Bachir Larabi dans la rédaction de son article lui ont été fournis par un responsable de la même wilaya. « Même ce responsable a été condamné à un mois de prison ferme », a ajouté la direction. Le code pénal rendu encore plus rigide récemment, selon les responsables d'El Khabar, n'est guère une simple procédure, comme le prétendent le ministre de la Justice et le chef du gouvernement. Larabi Bachir est ainsi condamné pour ses écrits. « La corporation ne doit pas baisser les bras. Il faut mener un véritable combat pour l'amendement de ces dispositions du code pénal incriminant les délits de presse », a souligné Mahmoud Belhimer, rédacteur en chef adjoint d'El Khabar. Pour sa part, le SNJ s'est montré préoccupé par cette affaire. Dans un communiqué parvenu, hier à notre rédaction, le SNJ « dénonce l'arbitraire dont est victime le confrère et revendique sa remise en liberté immédiate et inconditionnelle ». Le syndicat lance, de surcroît, un appel à l'adresse de la corporation et de la société pour se mobiliser afin d'exiger la libération de Bachir Larabi et de Mohamed Benchicou, la levée des condamnations à la prison qui pèsent sur de nombreux autres journalistes et la dépénalisation des délits de presse. Même son de cloche chez la LADDH. Le bureau national a rappelé, dans une déclaration rendue publique hier, son opposition au recours systématique à l'incrimination des délits de presse, en particulier la diffamation. L'organisation demande la libération immédiate du journaliste et appelle l'ensemble « des forces éclairées » de la société à « une mobilisation urgente » pour faire échec à « la politique répressive » en matière de la liberté de la presse.