A l'occasion de la tenue du 9e Sila, Mme Radia Abed, responsable de la maison d'édition Sédia et présidente du Syndicat professionnel du livre (SPL), donne, dans cet entretien, son point de vue à propos de la situation du livre. Comment appréciez-vous la tenue à partir d'aujourd'hui du 9e Salon international du livre d'Alger ? C'est incontestablement l'événement de l'année 2004. En tant que représentante d'un syndicat du livre, j'estime que c'est une occasion inespérée pour l'ensemble des acheteurs de cumuler les achats en une seule fois. Ce salon offrira des livres à des prix généralement abordables, surtout quand on sait qu'ils ont été exonérés des taxes douanières. Ce qui est remarquable également, c'est que ce salon, comme les deux qui l'ont précédé, est désormais une occasion pour rendre hommage à des personnalités ou des évènements. L'année dernière, un hommage a été rendu à Mohammed Dib, et pour cette fois-ci, ce sera pour Frantz Fanon et le 50e anniversaire du déclenchement de la Révolution de Novembre 1954. C'est quelque chose de très fort et qui favorise inéluctablement à créer une animation particulière autour de l'événement. Quelle forme prendra la participation de Sédia à ce salon ? Nous avons fait un choix stratégique de communication. Etant donné que les manuels scolaires sont au cœur de l'activité de la maison d'édition Sédia, nous avons préféré représenter, à ce salon, la maison mère Hachette. D'ailleurs, en coédition avec cette boîte, Sédia présentera, pour la première fois, une collection « Littérature jeunesse ». Cela s'inscrit, en fait, par rapport à notre vocation de produire des livres à caractère éducatif. De nouveaux titres seront exposés à cette occasion. Comment jugez-vous, aujourd'hui, la situation du livre en Algérie ? D'une manière générale, il y a de nombreux points à signaler concernant l'année 2003. Tout d'abord, c'est extrêmement important qu'il y ait eu réinstauration du Salon international du livre d'Alger. Il faut, ensuite, saluer les efforts conduits avec le ministère de la Culture pour élaborer un projet de loi sur le livre. On ne peut oublier également l'ouverture du marché des manuels scolaires aux éditeurs privés, l'exonération des livres des taxes douanières, l'exemption accordée aux importateurs du livre à propos de l'obligation du capital initial imposé aux importateurs en général. Tout cela sans manquer de signaler le diagnostic établi par l'Unesco à propos de l'ISBN (dépôt légal) et le code-barre. Y a-t-il, alors, des points qui vous semblent négatifs ? Premièrement, le projet de loi sur le livre, malgré le travail fait en amont, n'a pas encore atterri au niveau du Parlement. Il faut dire qu'on n'est pas encore arrivé à obtenir une exonération sur les intrants (papier et autres), ni une réhabilitation des bibliothèques municipales. Je tiens enfin à signaler qu'il faut absolument professionnaliser le métier du livre en Algérie. C'est une question cruciale pour espérer une évolution positive par rapport à tous les problèmes qui sont vécus par cette corporation. Cette année, Sédia est absente dans l'édition des manuels scolaires. Pourquoi ? Contrairement à 2003 où nous avons contribué à mettre à la disposition des enseignants et des élèves des livres pédagogiquement de niveau, cette année nous avons refusé de faire dans le bâclage. Pour produire des manuels qui répondent aux normes d'homologation connues dans ce domaine, il faut du temps. Or c'est une chose qui ne nous a pas été accordée. D'où notre refus de se lancer dans une aventure dont les premiers perdants sont finalement les élèves qui rejoindront les établissements scolaires à partir de samedi prochain. C'est une question de conscience professionnelle et de respect par rapport à une mission noble comme celle d'outiller nos enfants avec des supports qui doivent être performants.