Délocalisation n Une déclaration communément signée par les deux présidents, celui du Syndicat national des éditeurs du livre, Fayçal Houma, et celle du Syndicat des professionnels du livre, Radia Abed, a été lue, hier, devant les journalistes, à la Maison de la presse. «On a réservé la veille la salle des conférences pour aujourd'hui, et le directeur de la Maison de la presse nous a donné son accord pour qu'une conférence de presse s'y tienne», dit Radia Abed, et de regretter : «Mais malheureusement, ce matin, en arrivant, la salle nous a été refusée.» C'est alors au siège du quotidien La Nouvelle République que Radia Abed a fait la lecture de la déclaration concernant la prochaine édition du Salon international du livre d'Alger (Sila). Dans cette déclaration, les signataires ont exprimé leur étonnement et leur embarras quant à la délocalisation du Salon et notamment leurs inquiétudes quant aux conditions du déroulement du Sila et même à son avenir. «Ce qui nous a d'abord étonnés, déclare Radia Abed, c'est qu'aucun syndicat, qu'aucun professionnel du livre, qu'il soit algérien ou étranger, n'a été mis au courant de cette décision.» «Ce qui est étonnant et déplorable, c'est que nous l'avons su par la presse. Aucun éditeur algérien ou étranger n'a été destinataire d'une correspondance l'informant de cette mesure. Même les éditeurs nationaux, organisés en syndicats ou non, n'ont, à aucun moment, été sollicités pour donner leur avis», a-t-elle poursuivi. Interrogé sur les raisons de cette délocalisation, la présidente du Syndicat des professionnels du livre a dit : «Nous l'ignorons. C'est l'opacité totale qui entoure cette décision de délocalisation annoncée.» S'exprimant sur les raisons citées par le commissaire du salon, Smaïl Amezian, Radia Abed a dit : «Les prétextes relatifs aux supposées contraintes que le commissaire aurait rencontrées avec la Safex, sont fallacieux et puérils.» Dans des déclarations rapportées par le quotidien El Watan (édition du mardi 29 septembre), Smaïl Amezian incombe la raison du transfert du Salon du livre de la Safex au complexe sportif du 5-Juillet (sous un chapiteau), à un différend opposant la Safex au commissariat, à savoir la gestion de la comptabilité, l'absence d'interlocuteur au niveau de la Safex et le peu de sérieux dans les négociations. Mais le directeur général de la Safex, Rachid Gasmi, estime, lui, que toutes les mesures ont été prises pour faciliter l'organisation de la 14e édition du Sila. Il est à noter qu'une tentative de conciliation entre le commissariat du salon et la Safex a été engagée, mais peine perdue. «Smaïl Amezian n'a pas pu assister à la réunion en raison, selon lui, d'un engagement avec le ministère de la Culture», a indiqué Radia Abed. En outre, à la suite de cette mesure, les éditeurs étrangers, selon la présidente du SPL, demandent des éclaircissements et sont perdus, voire réticents. Il est à regretter que Fayçal Houma, président du Snel, et cosignataire de la déclaration, ait été absent au point de presse, alors qu'il était prévu de s'associer à la présidente du SPL pour lire la déclaration et animer le débat lié à la problématique de la 14e édition du salon. l Interpellée sur l'objectif de la déclaration communément signée par le Snel et le SPL, Radia Abed a déclaré : «C'est pour dire que nous ne participons pas à la 14e édition du Sila.» Et d'ajouter : «Par cette déclaration, nous revendiquons, d'abord, un retour à la Safex, et, ensuite, que les professionnels du livre intègrent le comité d'organisation.» Depuis 2002, année où la Foire internationale du livre d'Alger (Fila) est passée au Salon international du livre d'Alger (Sila), et ce à la précédente édition, celle de 2008, les différents acteurs du livre faisaient partie du comité d'organisation du Salon. Or, pour la présente édition, «aucun des syndicats (Snel et Spl) n'a été intégré au comité d'organisation», indique Radia Abed, avant de souligner : «La raison d'être d'un salon est par essence les éditeurs.» «Comment peut-on organiser un tel événement sans la présence des représentants des éditeurs au sein du comité, et d'une manière aussi autoritariste et non consensuelle ?», s'est-elle interrogée. Même l'Association des libraires algériens (Aslia), chargée de l'animation culturelle durant la tenue du salon, a été écartée du comité d'organisation. Les professionnels du livre, présents au point de presse, expriment leurs inquiétudes quant à l'avenir du Salon, sachant que celui-ci est passé, sur décision du ministère de la Culture, à un festival, puisqu'il y a un commissaire, et du fait qu'il est délocalisé, il est déraciné.