Les couches bébé Molfix, le frigo Beko ou les biscuits Bifa… Ces marques vous disent quelque chose ? Elles seront en vedette à partir de demain et jusqu'au 6 décembre à la première Foire des produits turcs, à la Safex d'Alger. Une vitrine bienvenue pour les entrepreneurs qui ont choisi d'investir ici (150 entreprises actives) et surtout pour les Turcs qui aimeraient commercer davantage avec l'Algérie, alors que le volume de leurs exportations enregistre chaque année une nouvelle baisse. «Après un pic en 2009 de 1,7 milliard de dollars, nous estimons le montant de nos exportations pour 2011 à 1,3 milliard», relève Mustafa Seyitoglu, conseiller commercial. En cause : les barrières douanières qui pénalisent les produits turcs, assujettis à 30% ou 35% de taxes au même titre que les produits chinois, soit… beaucoup plus que les produits européens. «Sur les produits finis, la différence est de 14%, poursuite Mustafa Seyitoglu. Les Européens ne paient aucune taxe sur les matières premières. Pour nous, elles sont de 5%...» Ahmet Necati Bigali, ambassadeur de la République de Turquie en Algérie, souligne : «Nous cherchons depuis longtemps à mettre en place une zone de libre-échange avec l'Algérie. Car l'annexe du traité d'association entre l'Union européenne et l'Algérie recommande qu'elle soit créée. Ce n'est qu'une recommandation, certes, mais la Turquie, qui n'est pas membre de l'UE, fait tout de même partie depuis le 1er janvier 1996 de la zone douanière européenne. Nos produits se trouvent dans une situation qui n'est pas concurrentielle. Les Algériens nous ont assurés que cette zone de libre-échange verrait le jour une fois qu'ils entreront à l'OMC.» Pour l'instant, l'Algérie n'est que le 34e partenaire économique de la Turquie qui commerce d'abord avec l'Union européenne et l'Irak. Pendant ce temps, leurs produits partent vers le Maroc (800 millions de dollars d'exportations), la Tunisie (700 millions) et surtout vers l'Egypte (2,2 milliards). Histoire commune Les voisins ne s'y trompent pas : les produits turcs – qui, pour certains, entrent quand même en Algérie par les voies informelles – sont «à la fois de meilleure qualité que les produits chinois et meilleur marché que les produits européens», souligne Aysun Yilmaz, directrice du département des foires et des relations extérieures à la Chambre de commerce d'Istanbul. «Nous sommes familiers des standards européens, car nous sommes obligés de produire selon les normes qu'ils fixent. Nous connaissons aussi très bien les standards méditerranéens. Dans le secteur textile par exemple, nos tailles correspondent mieux aux besoins du marché que les vêtements chinois qui taillent plus petit, poursuit-elle. En plus d'un rapport qualité-prix avantageux, notre proximité géographique avec l'Algérie nous permet d'assurer de meilleurs délais de livraison, un bon service après-vente.» L'ambassadeur, lui, préfère évoquer «le passé commun, l'histoire commune, les similitudes culturelles» entre la Turquie et l'Algérie. «Il existe un potentiel colossal qui n'est pas assez exploité par les deux parties.» Alors que les Turcs exportent essentiellement (90%) des produits industriels – voitures, appareils électriques, cosmétiques, verrerie, emballage… –ils n'importent de l'Algérie que des hydrocarbures et du GNL (99%) pour un montant de presque 3 milliards de dollars. Ils se classent ainsi au 8e rang des partenaires de l'Algérie et ont perdu quelques places au profit du Japon et de la Corée.