La commission exécutive fédérale (CEF) de la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR), affiliée à l'UGTA, a tenu, hier, sa troisième session. Cette manifestation qui s'est déroulée à l'hôtel El Kettani, Alger, a regroupé les membres de la CEF. Etait invité également à cette réunion M. Sidi Saïd, secrétaire général de la centrale syndicale. A l'ouverture des travaux, Abdelmadjid Azzi, porte-parole de la FNTR, a dressé un tableau peu reluisant de la situation des retraités en Algérie. L'orateur s'est dit surtout déçu et outré de constater que même les décisions émanant du premier magistrat du pays ne sont pas respectées par l'administration algérienne. M. Azzi a rappelé que les préoccupations essentielles des vieux travailleurs ont été exprimées clairement et publiquement et portent sur des revendications réalistes et modestes, pouvant être aisément satisfaites par les pouvoirs publics. « Les retraités se considèrent des laissés-pour-compte et ont perdu tout espoir de se faire entendre par les pouvoirs publics auprès desquels ils ne cessent de réclamer le droit à la vie. Que peuvent-ils faire face à un pouvoir d'achat laminé de plus en plus par une augmentation effrénée du coût de la vie et un niveau de pension qui frise le ridicule... », diront les responsables de la fédération. Heureusement, le cri de détresse des retraités a été entendu, pour une fois, par le président de la République qui avait annoncé, en juin dernier, deux décisions d'une portée considérable pour les retraités et les veuves de retraités qui bénéficient du minimum légal. Il s'agit d'une part de la protection et l'amélioration du pouvoir d'achat des retraités et des pensionnés, à travers la création, d'une prime complémentaire pour ce qui est des pensions de retraite et d'invalidité de moins de 10 000 DA de façon à ce qu'elles atteignent ce niveau. Quant au second point, il porte sur l'institution d'un fonds de réserves qui s'inscrit dans la logique de pérennité du système de retraite. La FNTR s'est, certes, félicitée de ces nouvelles dispositions. Mais elle avait constaté que les allocations de retraite, dont les titulaires totalisent moins de quinze années de cotisations validées, dont le niveau de l'allocation est inférieure à 7500 DA, n'ont pas été pris en compte dans le train de mesures édictées par le chef de l'Etat. A cet effet, le secrétariat fédéral, selon M. Azzi, a demandé à ce que l'on étende le bénéfice du seuil de 10 000 DA à cette catégorie de pensionnés. Cette demande a été satisfaite, puisque une nouvelle décision est venue réparer cette injustice qui concerne près de 120 000 allocataires, c'est ainsi qu'a été ajoutée à la loi de finances complémentaire une dépense supplémentaire de 1,9 milliard de dinars en plus de 13,5 milliards de dinars initialement inscrits. Néanmoins, le problème qui se pose, de l'avis de M. Azzi, est que la mesure prise en faveur des allocataires n'est pas celle qui était attendue. L'orateur incrimine l'administration de faire dans la discrimination et de vouloir créer des problèmes au sein de la famille des retraités. « La sémantique utilisée par l'administration chargée de traduire dans les faits les décisions du président de la République, fait une différence entre les retraités qui perçoivent entre 7 500 DA à 10 000 DA et ceux dont le montant varie entre 1000 DA et 7500 DA. Autrement dit, ceux qui ont le revenu le plus bas ne seront pas concernés par le relèvement à 10 000 DA. Ce qui est une aberration », dira M. Azzi. Ce dernier relèvera, en outre, la deuxième interprétation restrictive de l'administration qui est, selon lui, dépourvue de bon sens. Il s'agit des bénéficiaires de pensions de retraite proportionnelle et sans condition d'âge, dont le nombre avoisinerait les 300 000. Cette catégorie, qui fait partie du corps des retraités et régie par la loi 83-12, se voit exclue injustement et sans raison. « Dans le même moment, selon une autre logique, le relèvement à 10 000 DA est étendu aux pensions de reversions, alors que la loi 83-12 a fixé son montant à 75% de la pension du défunt époux. Cette même démarche aurait dû profiter aux autres catégories qui se plaignent de recevoir un traitement discriminatoire », explique le responsable de la fédération. Signalons aussi que parmi les laissés-pour-compte des décisions du premier magistrat du pays, figurent les retraités du régime des non-salariés. Les responsables de la fédération jugent qu'il est aujourd'hui nécessaire et urgent de clarifier la notion de minimum de pension (75% du SNMG ou un montant fixe), de régler le sort des allocataires en les faisant ou non bénéficier de ce minimum et de se prononcer sur celui des pensions de reversions. Par ailleurs, l'autre point, sur lequel s'est attardé M. Azzi lors de son intervention, concerne la proposition annuelle de revalorisation des pensions et allocations de retraite. Cette année, le conseil d'administration a pris un retard incompréhensible pour se réunir (juin dernier) afin de proposer un taux de revalorisation de 8% et 2%. Une proposition adressée au ministère du Travail. Cependant, le secrétariat fédéral de la FNTE a contesté ce taux, estimant que les deux taux proposés sont exagérés, cela a soulevé la réprobation des retraités à travers le territoire national. Jugeant que l'institution de deux taux n'est plus justifiée, le secrétariat fédéral en appelle au ministère du Travail et de la Sécurité sociale pour fixer un taux unique raisonnable, mais consistant pour l'ensemble des pensions des retraités. Le conseil d'administration s'est réuni une deuxième fois à la demande du ministère et a revu le taux de revalorisation en le fixant à 4%. Ce taux a été jugé insignifiant par le secrétariat fédéral qui lui demande un taux de revalorisation de 6%. « Compte tenu des ressources supplémentaires attendues à la suite de la décision d'augmentation des salaires de la Fonction publique, nous estimons que le taux de 6% serait acceptable, car les cotisations seront revues à la hausse et nous espérons que le ministère du Travail réponde positivement à cette proposition », a indiqué M. Azzi. Pour sa part, M. Sidi Saïd a, lors de son intervention, affirmé que le Fonds national de réserves des retraites (FNRR), mis en place récemment et qui constitue une assurance pour la pérennité du système de retraité par répartition, est un acquis très important. Le premier responsable de la centrale syndicale admet que certains retraités n'ont pas été touchés par les augmentations décidées par le président de la République. « Ceci est une négligence, et cette question nous allons la prendre en charge et l'erreur sera corrigée », a tenu à rassurer M. Sidi Saïd qui estime que par rapport aux taux de revalorisation, il veillera en collaboration avec le ministère du Travail à trouver une solution qui arrangera les deux parties, à savoir la fédération et le conseil d'administration.