Le nombre de personnes sans emploi dans le monde a atteint de nouveaux sommets en 2005, soit 191,8 millions, malgré une croissance économique robuste qui n'a pas suffi à compenser l'augmentation de la population à la recherche d'un emploi. C'est ce qu'a indiqué le Bureau international du travail (BIT) dans son rapport annuel sur les tendances de l'emploi dans le monde publié hier. Avec 13,2% en 2005, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord restent la région ayant le plus fort taux de chômage dans le monde, souligne le BIT. La région connaît également le taux de ratios emploi-population (la proportion de personnes employées par rapport à la population en âge de travailler) le plus faible, à 46,4%. Le rapport du BIT précise que l'incapacité de la plupart des économies à transformer la croissance du PIB en créations d'emplois ou en augmentations de salaires, couplée avec une kyrielle de catastrophes naturelles et une hausse des prix de l'énergie, frappe particulièrement fort les travailleurs pauvres dans le monde. Malgré une croissance du PIB de 4,3% en 2005, seuls 14,5 millions de travailleurs extrêmement pauvres sur 500 millions dans le monde ont pu franchir, selon le BIT, le seuil de pauvreté de 1 dollar par personne et par jour. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la pauvreté effective définie par ce seuil est restée plus ou moins inchangée. Le nombre total de pauvres sous la barre des 2 dollars quotidiens n'a diminué qu'en Europe centrale et orientale (hors UE) et dans la CEI, en Amérique latine et dans les Caraïbes, et plus encore en Asie de l'Est. D'un autre côté, elle s'est accrue en Asie du Sud et dans le Pacifique, au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et surtout en Afrique subsaharienne, affirme le rapport du BIT. La part des services dans l'emploi mondial a augmenté sur tous les continents au cours des dix dernières années, sauf au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, indique le même rapport, et d'ajouter que si le secteur des services continue de croître au même rythme, il dépassera bientôt l'agriculture comme principal employeur. Selon le BIT, la moitié des chômeurs dans le monde sont des jeunes de 15 à 24 ans, alors qu'ils ne représentent qu'un quart de la population en âge de travailler. La plus forte hausse du chômage s'est produite en Amérique latine et dans les Caraïbes, où le taux de sans-emploi a crû de 0,3 point de pourcentage à 7,7%. De même, dans les pays de l'ex-bloc soviétique (hors UE), le chômage a atteint le taux de 9,7% contre 9,5% en 2004. Dans les économies développées et l'Union européenne, les taux de chômage ont, en revanche, baissé de 7,1% en 2004 à 6,7% en 2005, relève le BIT. Un expert de l'organisme en question a averti que « si la croissance économique est faible en 2006, cela aura un impact négatif sur la croissance de l'emploi » et d'explique qu'« à mesure que la population augmente, nous ne créons pas suffisamment de postes de travail pour maintenir le niveau d'emploi. Ce qu'il faut, c'est une croissance plus forte qui soit plus créatrice d'emplois ».