Les autorités syriennes ont semblé hier faire un pas en direction de la Ligue arabe en se déclarant favorables à l'envoi d'observateurs en Syrie, mais ont demandé des modifications au protocole organisant leur mission dans ce pays en proie à la violence depuis mi-mars. Au moins sept civils et quatre membres de forces de sécurité ont été tués hier, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). «La Syrie a répondu positivement à la question de la signature du protocole (...) de coopération», dans un courrier envoyé dimanche soir au secrétaire général de la Ligue arabe, a déclaré le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdessi. Samedi, un comité ministériel arabe avait donné jusqu'à dimanche à la Syrie pour éviter davantage de sanctions en signant un protocole sur l'envoi d'observateurs chargés de rendre compte des violences sur le terrain. La Syrie a demandé «des modifications mineures qui ne touchent pas le fond du protocole (...) et des éclaircissements qui ne sont pas liés à la nature de la mission» de la Ligue arabe, a-t-il précisé. Les explications demandées portent sur la coordination entre Damas et la mission des observateurs, a-t-il affirmé, indiquant que la Syrie avait demandé leurs noms et leurs nationalités. «Nous avons insisté sur la clause huit de la charte de la Ligue arabe qui interdit aux pays arabes de changer le régime politique» d'un autre pays arabe, a poursuivi le porte-parole en «espérant une réponse positive» de l'organisation panarabe. «La réussite de la mission dépend des intentions arabes», a-t-il lancé, estimant que «le chemin est ouvert pour la signature de l'accord». Mais pour sortir de la crise, M. Makdessi a estimé nécessaire d'en traiter les causes, «qui ne sont pas seulement liées aux demandes de réformes». Riposte aux sanctions turques Le porte-parole a ainsi évoqué «les armes qui sont transférées à l'intérieur de la Syrie, les médias qui veulent pousser (à l'escalade) et une opposition qui refuse de dialoguer» avec le régime. Les services de sécurité continuent leurs vagues d'arrestations. Dix étudiants qui participaient à une manifestation anti-régime à Harasta, près de Damas, ont été arrêtés. Et dans la ville côtière de Jabla, huit autres étudiants ont été arrêtés dans leur lycée, sous l'accusation d'insultes contre le président Assad, selon les militants. Trente étudiants originaires de Deraa, où est née la contestation, ont été interpellés, et soixante autres, également originaires de cette région, ont été renvoyés de l'université de Techrine, à Lattaquié (nord ouest). Sur un autre plan, la Syrie a riposté aux sanctions imposées, mercredi, par son voisin turc en suspendant l'accord de libre-échange bilatéral. Les autorités de Damas ont imposé une taxe de 30% sur tous les produits turcs importés en Syrie, ainsi que des charges sur le fuel et le passage des véhicules turcs, ont indiqué, hier, les médias officiels syriens. Un économiste syrien, cité par l'agence officielle Sana, a estimé que la Turquie était «le plus grand perdant». La Turquie, l'un des principaux partenaires économiques de la Syrie, a notamment décidé un gel des transactions commerciales et des transactions entre les banques centrales turque et syrienne.