L'univers de la couture est une histoire de famille chez Guelini. En effet, elles sont trois sœurs stylistes à avoir embrassé le métier de couture très jeunes. Aujourd'hui, deux d'entres elles sont à la tête de florissants labels et ateliers. La marque Zina en est l'exemple même. Baya Guelini, dite Zina, est arrivée assez tôt dans l'univers de la couture. C'est en fait sa sœur aînée Djamila - plus connue sous le nom de Mina tricot - qui l'a propulsée dans cette voie. « Ma sœur Zahia et moi avions décidé à l'époque de compléter le travail de notre aînée Djamila. C'était à vrai dire une période d'essai très courte, mais très enrichissante », confie-t-elle. En 1974, Baya et Zahia décident de voler de leurs propres ailes en créant un petit atelier à Chéraga (Alger), spécialisé dans le prêt-à-porter pour femmes. C'était, se souvient Baya Geulini, un bonheur total. « Je n'avais pas l'impression d'aller travailler. C'était une satisfaction que de retrouver une clientèle fidèle. » En 1986, elles louent, et ce, jusqu'à nos jours une boutique au niveau de l'Office national de Riad El Feth où elles se spécialisent dans le chèche et le prêt-à-porter. C'est avec beaucoup d'émotion que Baya Guelini fait un flash-back sur cette époque révolue à jamais. Elle achetait le chèche blanc au poids pour ensuite le teindre d'une façon artisanale à la maison dans sa machine à laver. Pour la petite histoire, ses voisins n'arrivaient pas à comprendre pourquoi son balcon était tout le temps drapé de tissus aux couleurs multicolores. Avec le chèche, Baya se plaisait à confectionner avec une touche de maître, entre autres, des étoles, des pantalons amples, des liquettes, des débardeurs, des pulls et des robes avec une variété de vingt coloris. Le succès était tel que Zina reçut en 1988 une médaille d'or lors d'un concours organisé par l'Oref. Zina participa également à plusieurs défilés de mode en Algérie et à l'étranger, notamment à Cannes en 1998, au Maroc en 1999 et à Milan en juillet 2005. « Nous avons même pu vendre nos chèches en France », dit-elle. Cette dame au regard discret mais affectueux avoue que depuis deux ans « on ne fait plus de chèche, mais nous pensons reprendre cette activités cet été, vu la forte demande de la clientèle ». Par ailleurs, Zina continue de travailler dans le prêt-à-porter mais à un rythme réduit compte tenu de son âge. Elle est partisane des petites quantités pour avoir la qualité. Elle préfère les vêtements simples, chics et de bonne coupe. Chaque pièce doit être d'une confection irréprochable et taillée dans un tissu de qualité. Les années aidant, elle a réussi à conquérir trois générations de femmes. Elle connaît les préférences de ses clientes et la silhouette de chacune. La styliste reconnaît que l'univers du prêt-à-porter est un métier lucratif qui demande un investissement total « il faut faire ses achats, ses modèles et être présente à l'atelier ». Prônant le renouveau, Zina compte apporter quelques modifications dans sa future production. Préférant garder le secret, elle dévoile tout de même que les femmes épanouies (grandes tailles) trouveront la taille... au dessus. A la question de savoir si la production étrangère n'a pas empiété sur la production nationale, notre interlocutrice estime que cela « nous pousse à faire des efforts pour améliorer notre production ».