Quelques jours après la diffusion d'une pétition, fin novembre, par des politiques et des intellectuels anticolonialistes demandant au gouvernement français de renoncer à transférer les cendres du général Bigeard aux Invalides (El Watan, mardi 6 novembre) et le très grand succès qu'elle a rencontré (près de 6500 signatures), des députés, essentiellement de l'UMP, et de la droite populaire (44) et des officiers supérieurs ont lancé, en ligne, un contre-appel en faveur de cet hommage, parmi lesquels les députés Bernard Carayon, Lionnel Luca, Alain Marleix, Hervé Novelli et Guy Teissier, figurent parmi les premiers signataires. Le ministère de la Défense a annoncé mi-novembre que les cendres du général Bigeard, mort en juin 2010, seront transférées à l'Hôtel des Invalides à Paris. Le général Bigeard souhaitait que ses cendres soient dispersées sur Dien Biên Phù, mais les autorités vietnamiennes s'y sont opposées. En 2000, Bigeard avait qualifié la torture de «mal nécessaire», en démentant l'avoir pratiquée lui-même. Pour leur part, les signataires de l'Appel «Non à Bigeard aux Invalides» signalent que «de son vivant, le général Bigeard a toujours bénéficié de l'admiration des forces politiques les plus réactionnaires et de leur soutien actif. Et voici qu'une année après sa mort, il est de nouveau utilisé pour une manœuvre politicienne, orchestrée par le ministre de la Défense, dont le passé d'extrême-droite est connu : le transfert aux Invalides de ses cendres». Une semaine après sa mise en ligne, cet appel a été signé par près de 6500 personnes de toutes opinions et de toutes origines. D'anciens ministres, des responsables politiques et syndicaux, des représentants d'associations, des élus, des intellectuels de renom, des artistes, des témoins et acteurs majeurs des guerres d'Indochine et d'Algérie, parmi lesquels des militaires, des citoyens de tous horizons soutiennent cette démarche. Les signataires signalent que nombre d'entre eux sont l'objet de «menaces, de dénonciations haineuses, notamment sur des sites cultivant la nostalgie du temps des colonies et de l'Algérie française et/ou sur des sites d'extrême droite». Et «cette pression ne nous fera évidemment pas dévier : nous continuons et continuerons notre action contre cette falsification du passé colonial à visée électorale».