L'on déplore une véritable razzia du fond marin avec la perte, de 2009 à ce jour, de plusieurs mammifères marins entre dauphins, marsouins et autres espèces protégées, du fait que des pêcheurs continuent d'utiliser les filets dérivants et autres procédés interdits. Le président du comité national des marins-pêcheurs (CNMP), Hocine Bellout, ne mâche pas ses mots quand il parle du dur métier de pêcheur. De la ressource halieutique aussi et surtout de la dégradation de l'environnement marin local, même s'il se trouve encore des responsables qui tentent de dire le contraire. De passage à nos bureaux, M. Bellout commence par dénoncer certaines pratiques qui continuent de miner le potentiel halieutique local, déjà assez amoindri, en ces mots: «Certains pêcheurs continuent encore d'utiliser les filets dérivants qui opèrent une véritable razzia dans les fonds marins; d'autres utilisent des procédés interdits comme les filets invisibles. On assiste même à l'exploitation abusive de la zone 1 qui dans le jargon marin représente les premiers 3000 miles marins. On a relevé, non sans regret, que des bateaux chalutiers dont la puissance dépasse les 500 chevaux pêchent dans cette zone, chose qui est strictement interdite.» La persistance de l'utilisation des filets dérivants n'a également pas épargné les mammifères marins. «Depuis 2009 à ce jour, l'on a comptabilisé la perte de 25 mammifères marins comme les dauphins, les marsouins et autres espèces protégées. Il reste à souligner que notre pays a pourtant ratifié la convention de Barcelone relative à la protection de ces mammifères», ajoute notre interlocuteur, avant de dénoncer les pratiques de certains marins-pêcheurs qui trouvent dans le massacre de ces mammifères une source de profit. «Il arrive des fois que des dauphins se retrouvent piégés dans les filets et au lieu de les remettre à l'eau, certains pêcheurs ne se gênent pas de les éventrer vivants pour s'accaparer leur foie. Ce dernier est vendu sous le manteau à raison de 3500 DA l'unité», déplore-t-il. Ces dépassements n'ont d'ailleurs pas tardé à se faire ressentir sur la consommation du poisson en général. Selon le président du CNMP, les réserves halieutiques de la région sont en danger. «D'ailleurs il suffit de faire un tour chez les poissonniers pour constater de visu que le poisson se fait rare», juge-t-il, avant de revenir à une autre forme d'agression: «Avez-vous vu la taille de la sardine qui se vend sur les étals de nos poissonniers ? La taille de ce poisson qui commence à se faire rare n'atteint pas souvent la taille marchande réglementée par décret. On a vu de la sardine qui se vend librement alors qu'elle ne dépassait pas les 5 cm. Tous nos voisins du bassin méditerranéen ont volontairement procédé à des révisions de cette taille en la portant à la hausse. Les pays européens exigent aujourd'hui une taille marchande de 14 cm, alors que chez nous, elle est toujours de 6 cm seulement.» Un fait qui d'après lui appauvrit la ressource en brisant la chaîne biologique de la reproduction. M. Bellout évoque également les effets catastrophiques de la pollution: «Tout le monde sait, sauf ceux qui refusent de le savoir, que des unités de la plateforme pétrochimique déversent parfois des quantités plus ou moins importantes de leurs résidus industriels dans le milieu marin !» Une affirmation que notre interlocuteur appuie en avançant des chiffres relatifs à un récent déversement volontaire d'eau chargée d'hydrocarbures dans le milieu marin.