Village colonial typique de la Mitidja, Oued El Alleug attend toujours l'inscription de projet de éveloppement local l Les citoyens dénoncent le laxisme des autorités locales concernant le commerce informel. Il n'y a rien à Oued El Alleug, pas même un stade matico qui puisse divertir les jeunes. Les mordus du football, qui ne sont pas acceptés dans le club local (MCB Oued El Alleug), se défoncent sur les pistes des haouch». Fils d'un formateur d'un institut agricole de Blida qui s'est installé avec sa famille, début 1970, dans l'ancien village colonial, Khaled L. trouve que sa localité n'est plus ce qu'elle était dans le temps. «Même l'eau pue l'égout. Des habitants de Bensalah ont fermé, début novembre, la RN4 pour réclamer des sanctions contre le responsable des travaux d'assainissement et dénoncer les autorités qui n'ont pas colmaté une fouille où est tombée une fille», signale un quadragénaire. La viabilisation des «haouch» n'a pas été achevée, malgré les travaux lancés depuis quelques mois. «Les haouch ont toujours été abandonnés, même du temps des colons. Le centre-ville ne ressemble plus à ce qu'il était au lendemain de l'indépendance, ou même quelques années après. Une fois qu'on n'est plus sur la rue où se trouvent les sièges de l'APC, de la daïra et quelques services publics, c'est l'anarchie. Des travaux de bitumage des quartiers ont été partiellement achevés, mais cela reste insuffisant, au regard des tâches énormes qu'auraient dû mener les élus locaux depuis des années déjà. Les habitants d'un haouch pestent après chaque averse», constate, amer, Khaled, qui assure que l'habitation qu'il occupe appartenait à un ancien militant d'une formation politique qui a réussi à gagner la sympathie de la population locale. Les habitants se plaignent du manque de commodités : pas d'équipements publics, les rares édifices publics, ouverts avant les années du terrorisme, ont fermé ou ont vu leur vocation complètement changée. «L'école de jeunes filles a été fermée. Les autorités, qui ne sont sûrement pas d'indécrottables nostalgiques de la période coloniale ont changé les fonctions de cet établissement sans que la plaque ne soit arrachée», signale un retraité attablé dans l'un des nombreux cafés du centre-ville qui a gardé l'aspect d'un village colonial de cette partie de la Mitidja occidentale, où la population pied-noir était estimée à plus de 700 âmes en 1954, soit 10% de la population globale. Des établissements, à l'architecture spécifique de cette période, ont été transformés en bureaux de l'administration des impôts ou même en salle des fêtes. Même le kiosque à musique de la place centrale du village ne résonne plus de chants. Des bouibouis infects, où se bousculent de vieux retraités et de jeunes chômeurs, sont disposés autour de l'édifice qui a reçu plusieurs fois des couches de peinture jaune. «Les mal élus de l'APC ou même le chef de daïra, toujours tapis dans leurs bureaux, ont un autre souci : se maintenir. Edoula (l'Etat) laisse faire les gens de l'informel dans tout le centre-ville. Les entrées de certains établissements scolaires sont obstruées. Un directeur d'établissement a même eu maille à partir avec des revendeurs qui déposent leurs cageots devant l'entrée de son collège. Personne ne veut se mettre à dos ces jeunes revendeurs qui sont plus puissants que le chef de daïra lui-même, qui a pourtant tous les services de sécurité sous sa coupe», s'étonne un parent d'élève qui salue la réaction du directeur.Les structures scolaires, il n'en existe pas beaucoup dans la localité rurbaine qui accueille près de 30 000 habitants répartis dans plus d'une vingtaine de haouch. Crèche publique fermée… Une crèche publique, située dans une impasse, a ouvert pendant plusieurs années avant que les autorités ne décident de renvoyer les élèves «pour inadaptation des lieux». Un imbroglio a entouré la fermeture de cet établissement : des tractations entre des élus et la direction de l'éducation ont maintenu ouvert cet établissement durant plusieurs années, malgré les risques qu'encouraient les enfants, relève une employée de l'APC. Les parents, souvent des cadres d'entreprises à Blida ou à Koléa (villes voisines) sont obligés d'inscrire leurs enfants dans les deux crèches que tiendraient, selon des indiscrétions, El Irchad Ouel Islah, association caritative du MSP. «Ces endroits sont plus des hangars désaffectés qu'autre chose. Les enfants s'y morfondent et chopent souvent des maladies ou même des poux», regrette un vendeur obligé de garder sa fille avec lui, «car sa mère travaille toute la journée». «Après la fermeture de la crèche communale, j'ai inscrit ma fille à l'association, mais j'ai vite déchanté : elle est devenue taciturne», relève-t-il. A Oued El Alleug, les enfants en bas âge ne sont pas les seuls laissés-pour-compte du développement local dans cette région qui aurait pu avoir un avenir meilleur. Les élèves sont obligés de se retrouver à plusieurs dans des classes mal chauffées ou qui n'ont jamais eu de système de chauffage. Des projets ont pourtant été inscrits dans les PCD (Plan de développement local) en 2010 et 2011 ; seule une infime partie a été lancée. Les études d'aménagement, de remplacement et de construction d'écoles et de collèges dans la commune, elle-même chef-lieu de daïra, sont souvent à l'arrêt ou connaissent divers aléas liés aux procédures des appels d'offres, se justifient des responsables de l'APC. Bensalem, Latraoui, Guergour sont des quartiers qui ont été choisis pour la construction ou la rénovation des groupes scolaires, mais ils doivent toujours attendre malgré le budget important dont a bénéficié la commune. «Les projet sont sectoriels. On ne comprend pas pourquoi ils n'ont pas commencé. Pourtant, même avec l'argent communal, ces projets auraient dû être achevés dans les temps», soutient un élu qui a requis l'anonymat. A la direction de l'éducation, on soutient le contraire : «Nous avons inscrit un seul projet pour le remplacement d'un établissement secondaire préfabriqué. Les opérations seront menées à terme», précise le secrétaire général de la direction de l'éducation de Blida. Le jeune P/APC, qui a préféré faire une tournée dans les établissements de sa localité, à la sortie de la ville, défend son bilan : «Des groupes scolaires ont été construits, des annexes sont prévues et ne manquent de rien. Même le transport est assuré pour les enfants qui habitent dans des fermes encore enclavées de ma commune», assure, la main sur le cœur, le maire. Des parents d'élèves, dont on taira les noms, soutiennent le contraire : «Des élèves ont besoin d'un demi-pensionnat. Il n'y a pas de cantine partout. Des élèves sont obligés de parcourir jusqu'à 5 km à l'aller et au retour pour rejoindre leurs classes mal chauffées», soutient un habitant des Cinq Palmiers, l'un des plus gros haouch de la commune, situé sur la route de Mouzaïa. «Le quartier, de plus d'un millier d'habitants, n'a bénéficié de rien. Le bitume a été réalisé à la hâte par une entreprise engagée par l'APC, des locaux du programme du Président sont finis mais ne sont pas distribués à qui de droit. Les trois établissements scolaires ne peuvent accueillir tous les enfants de la localité et des autres haouch», se désole un parent d'élève.