Photo : Riad De notre correspondant à Tizi-Ouzou Lakhdar Siad Envoyer son enfant à la crèche ou l'inscrire dans une garderie est devenu un comportement ordinaire des couples de la génération actuelle qui s'inquiète consciemment ou par suivisme de l'éducation précoce des enfants. Les changements sociaux ont touché bien logiquement tous les segments de la société. Que le couple travaille ou est au chômage, qu'il soit universitaire ou d'un niveau inférieur, trouver une crèche pour son tout petit est perçu comme une priorité par les parents qui sont prêts à tout donner, à tout abandonner et à tout dépenser pour assurer un début d'apprentissage réussi pour leurs enfants. Les esprits commerçants et les chasseurs d'affaires n'ont d'ailleurs pas loupé cette «mode» de la crèche en investissant dans le domaine parfois sans la moindre connaissance ou rapport avec le métier qui exige plusieurs critères de premier ordre. On ne laisse pas passer un tel intérêt collectif et massif pour la crèche sans en tirer un maximum de profit. Sachant que travailler est synonyme de séparation avec ses enfants en moyenne dix heures par jour et cinq jours sur sept durant les horaires de bureau pour la majorité des couples qui n'ont pas d'autre choix. Une fortune à ramasser, jubilent-ils en catimini. Mais après une existence de plus de dix ans en nombre jugé à première vue assez important, la demande en la matière est devenue plus exigeante et les parents, quand, bien sûr, ils ont le choix, préfèrent faire profiter leurs enfants des «avantages» des meilleurs crèches du coin avec souvent des tarifs élevés et des augmentations continues. C'est à chaque parent de dénicher la crèche qui convienne le plus à sa progéniture ou qui réponde aux conditions qu'il peut satisfaire. Cependant, les parents ne peuvent pas jouer le rôle ou remplacer les pouvoirs publics dans le fichage et le contrôle de ces institutions très sensibles à tous points de vue. «Créer une crèche reste une activité très lucrative, les gens pensent que ça permet de gagner beaucoup d'argent en un laps très réduit de temps, chose qui n'est pas complètement fausse d'où la course effrénée à la création de crèches même par des personnes qui n'ont rien à voir avec le domaine ; on utilise pour cela des prête-noms, des diplômes d'universitaires au chômage pour l'acquisition de l'agrément», fait remarquer un diplômé du secteur au chômage depuis des années, qui avait, dit-il, une ferme résolution de «faire passer mon savoir dans l'éducation aux jeunes bénévoles de la région de Kabylie» avant de céder sous le poids de la «bureaucratie locale». D'où aussi l'illégalité, l'irresponsabilité, l'anarchie et l'inconséquence des nouveaux «maîtres d'école» hors-la-loi. Il rappelle les conditions sine qua none d'acquisition d'un agrément pour la nature d'activité en question comme être diplômé dans certaines spécialités telles que les métiers de la médecine et de l'éducation en général et par la suite répondre aux autres exigences du cahier des charges. Des discussions devant les crèches et entre parents concernés par la situation mettent souvent en avant le niveau des éducatrices, l'exiguïté et la surcharge des locaux «mal adaptés et aménagés de manière carrée», la mauvaise qualité du menu, etc.La wilaya de Tizi-Ouzou compte une centaine de crèches et garderies qui accueillent environ trois mille enfants, selon les chiffres récents des services concernés de la wilaya. Elles sont implantées essentiellement dans les grands chefs-lieux urbains de Tizi-Ouzou au détriment des communes des zones déshéritées, notamment le sud et l'extrême nord-est de la wilaya. Le programme des pouvoirs publics de la dernière décennie de réaliser une trentaine de crèches communales sur le Fonds commun des collectivités locales (FCCL) pour un budget d'environ 200 millions de dinars a fait son chemin mais reste, sur le plan quantitatif, très en deçà de la demande qui monte en flèche.