Les journalistes du quotidien arabophone El Hayet el arabiya menacent de recourir «à la justice ou d'observer une grève de la faim pour faire valoir leurs droits». «Si le patron ne répond pas à nos revendications, nous n'excluons pas la possibilité de saisir la justice et d'observer éventuellement une grève de la faim, témoigne Billal, journaliste de la publication. D'ailleurs, durant ce conflit qui nous a opposés au directeur depuis le 3 décembre, j'ai difficilement convaincu mes collègues de ne pas opter pour ce genre de protestation». Les cinq journalistes contestataires revendiquent une augmentation de salaire, le renforcement de l'équipe rédactionnelle, la régularisation des journalistes collaborateurs et correspondants ainsi que l'arrêt du recours à des actes d'intimidation et du harcèlement. A la remise de cette plateforme, le patron, selon les journalistes, a «réagi violemment en menaçant l'équipe de licenciement». Et depuis le 3 décembre, le journal vit au rythme du conflit jusqu'à perturber sa publication. Mercredi, les mêmes journalistes ont participé à un rassemblement devant l'APN avec des confrères d'El Ahdeth et d'El Ouma pour dénoncer leur situation socioprofessionnelle et marquer leur déception face à la loi de l'information adoptée le même jour. La visite du représentant de l'inspection du Travail, dimanche dernier, avait pourtant permis de réconcilier les deux parties. Mais la situation s'est à nouveau envenimée. Le directeur de la publication, Ahmed Meftari, dément, quant à lui, le licenciement des journalistes et affiche son étonnement après la réaction du Syndicat national des journalistes (SNJ) qui se serait exprimé sans le consulter. Le SNJ avait dénoncé dans un communiqué «un licenciement abusif et complètement illégal dans le fond et dans la forme». «L'employeur, ignorant sans doute l'existence d'une législation du travail, de lois et de règles en la matière, a cru pouvoir se débarrasser de tout un collectif et de ses revendications socioprofessionnelles avec une simple signification verbale, pouvait-on lire. Ce comportement, appartenant à une autre époque, n'est malheureusement pas un cas isolé dans la presse nationale de nos jours.» Le SNJ a même annoncé avoir confié le dossier à Me Youcef Dilem. «Je n'ai licencié personne», insiste le directeur pour qui «tout est rentré dans l'ordre». «Les augmentations de salaire se décideront à l'application de la nouvelle grille», a-t-il aussi annoncé, en précisant que l'équipe rédactionnelle «n'a pas à s'ingérer dans la gestion du journal».