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«Il faut revaloriser la profession»
Mame Faguèye Bâ. Styliste et costumière sénégalaise
Publié dans El Watan le 17 - 12 - 2011

Mame Faguèye Bâ sera présente à Paris, en janvier 2012, pour la Blach Fashion Week, organisée par Adama Ndiaye et pour une tournée européenne pour un spectacle en live (concert et costumes), baptisée «Rencontres Nomades». Dans cet entretien, la styliste s'est prêtée en toute modestie aux jeux des questions réponses.
-Vous venez de participer au FIMA, quel a été votre sentiment par rapport à cet événement ?
C'était ma première participation au FIMA à Niamey. J'étais très enthousiaste vu le thème de cette année «Paix et développement». Ma participation était importante en tant qu'ambassadrice des Casques bleus pour la paix de l'ONU, et en tant qu'artiste engagée pour les droits humains, notamment ceux des plus faibles : les femmes et les enfants. C'était aussi l'occasion de soutenir les actions d'Alphadi que je remercie vivement au passage et de démontrer que le Niger est un pays qui évolue bien et de démontrer que notre continent peut se développer et que la mode en est un facteur important.
-Comment avez-vous trouvé les jeunes talents en général, et la gagnante, en particulier ?
En tant que membre du jury du concours des jeunes créateurs, j'ai été éblouie par ces différents talents qui rivalisaient de créativité. A travers les dix collections présentées, j'ai eu une lecture de plusieurs styles en herbe qui méritaient bien leur place sur ce podium international. Cependant, il fallait tenir compte des critères de sélections déterminés au préalable par l'organisation qui était «vendable et exportable». Voilà pourquoi la gagnante sortait largement du lot, bien que je pense que ces critères ont eu tendance à minimiser le travail du créateur et du métier de styliste. Les autres candidats n'ont pas démérité, c'est pourquoi, nous avons eu beaucoup de discussions entre membres du jury avant de choisir le travail du candidat le plus proche du thème.
-Comment réussit-on à s'imposer dans un domaine qui est plutôt chasse la gardée de Occident ?
Tout d'abord, il faut vaincre la chasse gardée de la médiocrité sur notre continent, car nous ne savons pas encore organiser cette filière. Bien souvent, le styliste s'apparente plutôt à un commerçant. L'un fait du wax, l'autre du pagne tissé ou de l'urbain. Ce n'est pas ce que je retiens de mon métier. Pour ma part, je ne fais pas monter des costumes sur un podium s'ils ne représentent pas le fruit de mes recherches de coupe, de mélange de matières, de volume... et s'ils ne correspondent pas à une démarche d'ensemble et de mon regard sur la société. Pour le vendable, c'est à un distributeur, une marque de montrer sa ligne de vêtement créée par son styliste. Nous devons avoir une démarche qui tend vers l'universel. Terminer avec le misérabilisme ambiant et organiser notre filière : du dirigeant d'entreprise ou d'une marque au créateur en passant par le financier et le marketing. Nous devons également valoriser tous les métiers de la mode et son artisanat comme la broderie par exemple.
-Parlez-nous de votre style, quelles en sont ses caractéristiques ?
Vous savez, je suis née à Saint-Louis au Sénégal. Je m'y ressource fréquemment et tente de rendre hommage à cette ville par mes créations en exprimant la diversité culturelle. Je suis également costumière, J'ai réalisé les costumes de Tableau Ferraille de Moussa Sène Absa ce qui m'a valu le premier prix des costumes au MNET 98 en Afrique du Sud. J'ai également fait les costumes de Karmen, Un Amour d'enfant, LePrix du Pardon pour les réalisateurs africains mais aussi Capitaine des Ténèbres de Serge Moati, Tremblements Lointains de Manuel Poutte, réalisateur belge, Black de Pierre Laffargue, Aduna de Olivier Langlois, réalisateurs français.
Créer un style pour une personne par rapport à sa personnalité, ses fonctions, son rôle, la personnalité de son rôle, ses formes : que ce soit au cinéma ou dans la vie, j'ai à peu de choses près la même démarche. Au cinéma, il faut en plus gérer les costumes, les patiner, reproduire un costume fonctionnel pour les films historiques ou le style de l'époque. Quelques mois avant sa mort, Henri Duparc voulait travailler avec moi pour ses nouveaux projets de film et cela n'a pas pu se faire. C'est un grand regret pour moi.
-Quelles sont vos influences et combien de temps peut prendre la création d'une collection ?
Je voyage beaucoup en plus de mes recherches personnelles dans le domaine artistique et culturel, la rencontre humaine et l'échange m'apparaissent inhérents à mon processus de création, mes influences sont donc multiples d'autant que je m'intéresse beaucoup aux cultures nomades et pas seulement africaines. En ce qui concerne une ligne de vêtement dédiée au marché, la durée de création va très vite 3 à 4 mois. En règle générale, pour le cinéma ou l'art vivant, c'est à peu de choses près le même délai de temps de création. J'ai aussi une collection qui s'appelle Liens et celle-ci durera le temps de ma vie de créatrice.
-A la fin de vos défilés, vous faites toujours lever le poing à vos mannequins au final. Pourquoi ?
D'abord parce que la création est une lutte permanente, un engagement. En dehors de mon combat professionnel, j'ai un regard sur mon environnement, ma vision humaine du monde, j'essaie d'avoir un sens critique qui attise d'ailleurs ma sensibilité en puisant dans mon goût de la justice et d'égalité des chances. Et particulièrement je lève mon poing pour symboliser la lutte contre l'exploitation des enfants dans le monde et pour la défense de leurs droits. Je suis à l'initiative du collectif international qui s'appelle «L'Enfant a la parole» qui se structure pays par pays afin de mieux lutter contre les phénomènes d'exploitation des enfants.
La mendicité, les enfants soldats, les petites bonnes, les trafics d'organes, le travail dans les mines, etc. Nous avons l'ambition de créer un grand mouvement solidaire pour combattre l'exploitation des enfants sous toutes ses formes, en insistant sur les trois leviers essentiels que sont le juridique, l'éducation et la santé. Nous pouvons dire aimer notre pays ou notre continent, mais sans la volonté de tous et le refus de l'intolérable, tout appel à la solidarité et à l'amour est une imposture.


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