On croyait que seuls les stades de football font défaut à Alger, surtout lorsqu'il s'agit des Verts qui, la plupart du temps, sont priés d'aller donner la réplique ailleurs que dans le champ de patates de l'antre du 5 Juillet. Cela est aussi valable quand des troupes musicales ou orchestres sont invités à se produire dans notre pays. A l'ère où le département de la Culture s'emploie à institutionnaliser les festivals culturels (plus d'une centaine), la capitale ne souffre pas moins d'un manque d'espace artistique. En plus clair, pas de salle de spectacle digne d'une cité comme El Djazaïr en mesure de répondre à une forte affluence. A fortiori lorsque la salle Ibn Khaldoun fait l'objet, depuis 4 ans, de travaux et le TNA délocalise son programme en attendant d'opérer, une nouvelle fois, sa mue. Alors que les gens commencent, ces dernières années, à sortir de leur torpeur, à retrouver ce plaisir nocturne et se sentir revivre, en renouant avec les soirées culturelles, les organisateurs, eux, peinent à dénicher un espace pour organiser une manifestation dans la cité Ibn Mezghenna. Nous l'avons constaté lors du 3e Festival culturel international de la musique symphonique dont les lampions se sont éteints mercredi dernier, à l'auditorium du Palais de la culture après le passage d'ensembles classiques de 21 pays, le long d'une semaine, couronnée d'un beau final. Une interrogation cependant : est-ce la salle qui s'est révélée exiguë (400 places à peine) pour contenir tout le beau monde, ou est-ce plutôt le public présent qui était en surnombre, au point de meubler les corridors de la salle, l'arrière et l'avant-scène ? Une partie des convives n'a pu également se délecter des récitals en live, restant en-dehors de l'auditorium faisant les cent pas. Mais pour ne pas faire de mécontents, les initiateurs ont eu, finalement, l'ingénieuse idée de mettre en place une vidéo projection dans une salle contiguë pour permettre aux mélomanes de suivre les partitions répandues de la musique savante. «C'est mieux que de retourner bredouille», susurre un septuagénaire qui a réussi à dégotter une place parmi les retardataires. L'on se souvient du boucan similaire lors des précédentes éditions internationales de la musique andalouse et des musiques anciennes qu'avait abritées la salle Ibn Zeydoun où les organisateurs du festival se démenaient face à l'impondérable que résume le grand flux humain qu'il fallait placer dans une salle dont la capacité est insuffisante par rapport à l'événement. En attendant les grands projets structurants d'Alger, dont la salle de spectacle de 10 000 places à Ouled Fayet, prenons notre mal en patience et composons avec ce dont on dispose.